Battlefield Earth : La chose
Imaginez John Travolta dans la peau jaunâtre de Terl, un extraterrestre de huit pieds, affublé d’une tête en forme d’oeuf couverte de dreads, chaussé de bottes dignes des membres de Kiss, et engoncé dans un costume de motard vaguement sadomaso…
Imaginez John Travolta dans la peau jaunâtre de Terl, un extraterrestre de huit pieds, affublé d’une tête en forme d’oeuf couverte de dreads, chaussé de bottes dignes des membres de Kiss, et engoncé dans un costume de motard vaguement sadomaso…
Imaginez-le ensuite tentant de courir avec ses bottes plates-formes, ses doigts boudinés et griffus, et son jackstrap en cuir démesuré (eh oui!), à la poursuite d’une poignée de figurants montréalais en haillons, jouant des esclaves qu’il appelle (avec un rire maniaque à la Fu Man Chu) ses «animaux humains»…
Imaginez finalement le tout filmé à grands coups d’angles biscornus (comme les vieux épisodes de Batman!), à travers des filtres gris et bleus (qui font qu’on ne voit pratiquement rien), dans les ruines d’un Saint-Henri déguisé en Denver post-apocalyptique (Pierre Bourque est remercié au générique!).
Imaginez tout ça, et vous commencerez à avoir une idée du navet colossal, historique et passablement juteux qu’est l’infâme et paradoxal Battlefield Earth — un film de science-fiction vieillot, et une superproduction à rabais, basé sur le pavé (1000 pages!) de L. Ron Hubbard, un écrivain d’anticipation quelconque, mieux connu comme fondateur de l’Église de Scientologie (dont John Travolta, qui est aussi coproducteur du film, est d’ailleurs l’un des apôtres les plus visibles).
Dire que Battlefield Earth est un ratage complet serait comme dire que le Stade olympique a connu des petits problèmes. Rien ne fonctionne: du scénario (qui a plus de trous qu’une fabrique de gruyère traversée par une armée de souris) à la mise en scène de Roger Christian (dont le filmage est si brouillon que ses scènes d’action sont littéralement illisibles).
Mais qu’on se rassure: Battlefield Earth est un film si complètement nul qu’on ne peut même pas dire qu’il soit – comme beaucoup le craignaient – une oeuvre de propagande en faveur de la Scientologie. Débile, grossier, ennuyant et interminable, ce film toxique – qui ferait passer un épisde de Galactica pour 2001: L’Odyssée de l’espace – ne mérite en fait qu’un seul titre de gloire: celui d’être d’ores et déjà, et même si c’est de manière involontaire, le premier navet «psychotronique» du XXIe siècle.
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