Dinosaur : Tout ça pour ça
Cinéma

Dinosaur : Tout ça pour ça

Un vol de ptéranodons dans un ciel enflammé, les vagissements d’un bébé dinosaure, l’oeil vicieux et vitreux d’un carnotaurus, une bande de singes qui se prennent pour la troupe de Riverdance: Dinosaur, c’est la préhistoire comme si vous y étiez, mais revue et corrigée par l’usine  Disney.

Un vol de ptéranodons dans un ciel enflammé, les vagissements d’un bébé dinosaure, l’oeil vicieux et vitreux d’un carnotaurus, une bande de singes qui se prennent pour la troupe de Riverdance: Dinosaur, c’est la préhistoire comme si vous y étiez, mais revue et corrigée par l’usine Disney. Genre de Petit-pied, le dinosaure à l’ère de Toy Story, la mouture 2000 des studios de l’oncle Walt suscite autant l’émerveillement qu’une crise de foie. Incrédulité face aux prouesses techniques créées, et accès aigu de diabète devant la banalité doucereuse de l’histoire au service de laquelle elles sont déployées.
La séquence d’ouverture est à couper le souffle: transporté par diverses créatures, un oeuf de dinosaure volé survole vallées, montagnes, falaises et océans vierges, avant d’être recueilli par une famille de lémuriens. Jumelant le spectaculaire d’Imax et la grandiloquence des Dix Commandements, le long métrage d’animation de Ralph Zondag et Eric Leighton commence bien. C’est après que ça se gâte. L’iguanodon orphelin sera élevé par les singes; il sera chassé de son île, avec sa famille d’adoption, par une chute de météorite; et mènera un troupeau de dinosaures en direction de verts pâturages, au terme d’un voyage initiatique où il aura à affronter deux créatures sanguinaires, la soif, et l’orgueil d’un chef de bande. Il y fera aussi l’apprentissage de la compassion, du courage, du plus petit que soi dont on toujours besoin, blablabla…
La lecture du dossier de presse est édifiante (comme c’est souvent le cas pour les mégaproductions hollywoodiennes): on y trouve des chiffres à profusion – nombre d’animateurs, d’heures de tournage, d’effets spéciaux, de microprocesseurs, de terabytes (?), etc. – , plusieurs considérations techniques, et de grandes phrases creuses sur l’entraide et la survie. Ça résume bien un film qui ressemble plus au «pitch» d’une compagnie de logiciels qu’à un travail d’imagination. Une scène cute, un combat épique, une envolée lyrique: on recommence dans le désorre, et on boucle 90 minutes d’histoire convenue. Dommage, les voix d’Ossie Davis, de Julianna Margulies, de Joan Plowright et de Della Reese sont savoureuses; et les images sont sidérantes de réalisme. Il n’y manque que l’étincelle et l’humour qui faisaient de Toy Story, par exemple, autre chose qu’une commande à la Lion King. Au moins, ici, aucune chanson d’Elton John ne vient troubler la musique violoneuse de James Newton Howard
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