Mission: impossible 2 : Rebelote
Cinéma

Mission: impossible 2 : Rebelote

C’est avec une certaine déception que l’on sort du long et indescriptible bordel qu’est M:I-2, de John Woo – un film si tortueux, abracadabrant et décousu qu’il fait presque passer l’original pour un modèle de dramaturgie aristotélicienne.

Mission: impossible 2 (ou M:I-2, comme l’appelle sa pub chic-choc, calquée sur celle de Terminator 2 / T-2 et de Men in Black / MIB) avait toutes les chances d’être un bien meilleur film que le premier Mission: impossible. Après tout, le scénario de l’original avait été unanimement décrié pour son illogisme et son incompréhensibilité; la mise en scène de Brian De Palma était si impersonnelle que le cinéaste s’était publiquement dissocié du film; et l’ensemble était si incohérent qu’il se terminait par un hélicoptère poursuivant un train sous la Manche! Bref, ça n’aurait sans doute jamais marché sans une gigantesque campagne de pub misant sur Tom Cruise, la popularité d’une série perpétuellement reprise depuis 30 ans, et l’attrait pavlovien du thème musical composé par Lalo Schiffrin. Il semblait donc facile (très facile) de faire mieux (beaucoup mieux)…
C’est donc avec une certaine déception que l’on sort du long et indescriptible bordel qu’est M:I-2 – un film si tortueux, abracadabrant et décousu qu’il fait presque passer l’original pour un modèle de dramaturgie aristotélicienne.
L’idée de départ est pourtant simple, assez linéaire et presque vraisemblable: Ethan Hunt (Tom Cruise) est cette fois chargé par son supérieur (Anthony Hopkins, ramassant 5 millions de dollars pour deux scènes et demie) d’arrêter Sean Ambrose (Dougray Scott), un ex-collègue (et une sorte de double), qui vient de mettre la main sur un virus mortel grâce auquel il compte faire chanter les gouvernements du monde. Hunt n’a qu’un seul espoir de l’attraper: obtenir la coopération de l’ancienne maîtresse d’Ambrose (la belle Thandie Newton, de Besieged) dont il tombera, évidemment, amoureux à son tour.
Toutefois, cette prémisse classique – somme toute banale, mais à tout le moins cohérente – est vite pulvérisée par les revirements byzantins du scénario de Robert Towne et les pirouettes acrobatiques de la mise en scène de John Woo. Le premier a jadis été un grand scénariste (voi Chinatown, son chef-d’oeuvre) avant de devenir le tâcheron de Tom Cruise (sur des films comme Days of Thunder). Le second a été l’un des chefs de file du cinéma de Hong-Kong (avec des polars comme Hard Boiled), avant de devenir un des faiseurs les plus surestimés d’Hollywood (avec de gros machins comme Broken Arrow). Le scénario du premier est une étrange pyramide inversée, maladroitement construite à rebours à partir de la seule bonne scène du film (un moment de pur cinoche, que Towne met malheureusement trop de temps – une heure trente ! – à préparer). De même, la mise en scène du second est un lent feu d’artifice, malheureusement bâti sur une poignée d’images usées à force de répétitions (batailles lyriquement filmées au ralenti, duels à moto tournés comme des tournois médiévaux, plan lourdement symbolique de colombes surgissant des flammes…).
Ajoutez une esthétique pompée à The Matrix (Cruise en moto s’est même refait la tête de Keanu Reeves); des invraisemblances qui auraient fait rougir le capitaine Bonhomme (le héros porte toujours sur lui au moins deux masques qui lui permettent d’imiter parfaitement le visage et… la voix de n’importe qui); un look étonnamment fauché pour un film de plus de 100 millions de dollars (une scène d’accident d’avion est visiblement composée entièrement d’images de synthèse); et vous avez un blockbuster paradoxal, qui est à la fois extrêmement coûteux et cheap, passablement alambiqué et puéril, monstrueusement surchargé et vide. Bref, une Mission moins impossible qu’improbable et épuisante, qui s’autodétruit bien avant la fin de la projection…

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