Gone in Sixty Seconds : Erreur mécanique
Cinéma

Gone in Sixty Seconds : Erreur mécanique

Film à gros budget et peu de profondeur, Gone in Sixty Seconds mise sur la renommée de deux oscarisés (Nicolas Cage et Angelina Jolie) et sur ses allures de Salon de l’automobile pour convaincre son  auditoire.

Film à gros budget et peu de profondeur, Gone in Sixty Seconds mise sur la renommée de deux oscarisés (Nicolas Cage et Angelina Jolie) et sur ses allures de Salon de l’automobile pour convaincre son auditoire. Vingt millions de dollars, c’est le cachet auquel a eu droit Nicolas Cage pour promener sa carcasse à l’écran. Avec de telles priorités, on a sûrement dû couper dans le budget pour le scénario. Du moins, c’est ce que l’on se dit en sortant de ce remake d’un film du même titre datant de 1974 et signé H.B. Halicki.
Dans un élan destructeur, le cinéaste avait prévu à l’époque 93 crashs de voitures en… 97 minutes ainsi qu’une course-poursuite de 40 minutes (!) ponctuée d’embûches spectaculaires. Poursuivant cette tradition de films à sensations, le célébrissime producteur Jerry Bruckheimer (Top Gun, Armageddon) s’associe ici au réalisateur Dominic Sena (Kalifornia) pour pondre un blockbuster des plus infâmes.
L’argument du film est décoiffant: Memphis Raines (Nicolas Cage) doit voler 50 voitures en une nuit pour sauver son petit frère (Giovanni Ribisi) d’un pacte avec le diable (la mafia). Tout ceci n’est qu’une excuse pour alterner bagarres et explosions, captées par une caméra à l’épaule à vous donner le tournis. Quant aux voitures, les amateurs seront déçus. Elles traversent l’écran à vive allure, laissant à peine le temps au spectateur d’en voir la couleur.
L’écran ne semble d’ailleurs exister que pour Cage, caricature d’un ex-voleur d’autos au passé menaçant et au présent docile qui replonge dans le crime par amour fraternel… On y croirait presque.
Chapeau également pour les dialogues qui ne font pas dans la dentelle: exploitant ce cliché ringard qui consiste à parler d’une femme en usant du jargon des mécaniciens, Cage rivalise d’ingéniosité pour évoquer certaines images des plus grotesques. En témoigne cette réplique subtile, virilement lâchée à la mécanicienne (Angelina Jolie) enfouie sous une voiture: «Je crois que le cylindre gauche n’est pasassez lubrifié…» Pouvions-nous espérer plus de la part d’un personnage qui chuchote des mots doux au capot d’une Ford Mustang? Quant à la fameuse mécanicienne, elle ne semble se démarquer que par ses lèvres charnues. C’est bien mignon tout ça, mais encore faudrait-il avoir une présence à l’écran. Or, ni ses dreadlocks ni ses tatouages ne réussissent à conférer à Jolie le look pseudo-rebelle qu’elle tente de se donner. Tel un hologramme, elle offre un semblant de relief mais une absence totale de profondeur. En somme, elle est à l’image du film: luxueuse mais dérisoire.

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