Une pour toutes : Histoire de jouets
Le Claude Lelouch est arrivé. Comme le beaujolais nouveau, piquette qui s’exporte grâce à son étiquette et à un marketing bien rodé, les films de Lelouch débarquent avec les beaux jours, à la grande joie des fans et des détracteurs. Bon an, mal an, il est fidèle, comme le Woody Allen primeur. Mais attention aux papilles: celui-ci arrache.
Le Claude Lelouch est arrivé. Comme le beaujolais nouveau, piquette qui s’exporte grâce à son étiquette et à un marketing bien rodé, les films de Lelouch débarquent avec les beaux jours, à la grande joie des fans et des détracteurs. Bon an, mal an, il est fidèle, comme le Woody Allen primeur. Mais attention aux papilles: celui-ci arrache. On ne sait pas encore s’il s’agit d’un problème de vieillissement ou de raisin… Toujours est-il qu’il est imbuvable.
Vous prenez 5 belles filles et vous essayez d’actualiser L’aventure, c’est l’aventure, un des millésimes du réalisateur. Mais comment retrouver le ton moqueur des joyeux lurons qui n’avaient rien à perdre dans les yeux vides de ces poulettes qui n’existent qu’à travers les hommes? En changeant de sexe, la liberté fantaisiste d’alors s’est transformée en asservissement. À force de répéter qu’il idolâtre les femmes, et de montrer film après film que leurs forces résident surtout dans le galbe de la gambette, Lelouch adopte vraiment le réflexe des séducteurs en fin de parcours: passer des blagues éculées et des clichés usés pour la quête romanesque de l’éternel féminin.
Avec Une pour toutes, il joue carrément aux Barbies. Il habille ces dames en robe du soir et en hôtesse de l’air, elles parlent le moins possible, mais doivent savoir pleurer sur commande. Elles sont putes, actrices ou femmes de ménage… Irma la Douce, puissance 5. Anne Parillaud, Alessandra Martines, Marianne Denicourt, Alice Evans et Olivia Bonamy draguent donc pour l’argent ou la police, séduisent dans les grands hôtels ou à bord du Concorde. Toutes naïves jusqu’à l’abrutissement, elles embobinent de richissimes imbéciles, notamment un snob chef d’orchestre (Rüdiger Vogler), un dictateur africain (Maka Kotto) et un Levantin fou de Marie-Antoinette (Constantin Alexandrov). Rajoutons à ces improbables duos, un doublé classique: le flic de la Mondaine qui prend sa retraite (Jean-Pierre Marielle) et le jeunequi le remplace (Samy Nacéri). Ça patauge dans une mise en scène approximative rafistolée au montage, avec un bout de comédie musicale (Francis Lai), et des dialogues insipides et répétitifs (Pierre Leroux). Comme toujours, tout s’articule autour d’une phrase: «Tout a fait des progrès, sauf l’amour.» De plus en plus profond.
Bref, voici encore un mantra lelouchien – les filles, les copains (Charles Gérard), les voyages, les hasards, les coïncidences, (tiens! Charles Gérard), le destin, les dates fatidiques (Une pour toutes est sorti le 1er janvier 2000 à Paris), les chassés-croisés, et les références lourdaudes à ses films précédents – , mais celui-ci est peut-être un peu plus direct que les autres: les filles sont faites pour être prises et les garçons, pour les prendre. Comment, on ne sait pas! Lelouch va certainement nous revenir là-dessus.
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