Rétrospective Buster Keaton : Le casse-cou
La petite histoire veut que dès qu’il sortit de son berceau, son père s’en servit comme serpillière pour laver le plancher, dans un célèbre – et contesté – numéro de vaudeville.
La petite histoire veut que dès qu’il sortit de son berceau, son père s’en servit comme serpillière pour laver le plancher, dans un célèbre – et contesté – numéro de vaudeville. Minimisant les égards, il paraît même que Joe Keaton n’hésitait pas à lancer le jeune Buster en guise de projectile à la tête des spectateurs bruyants. Il n’y a pas à dire, une initiation si brutale et si précoce aura eu raison de sa destinée.
Bien avant The General (1926), Buster Keaton se fait d’abord connaître comme faire-valoir de l’acteur burlesque Fatty Arbuckle. Ensuite, son oeuvre participera au délire des années folles avant que la mécanique des grands studios ne le récupère. Mais il n’y fera pas long feu. L’arrivée du parlant achèvera de lui clouer le bec. Remisé dans l’armoire du cinéma muet, la reconnaissance de son talent se fera tardive. Contemporain de Chaplin, Keaton se retrouvera injustement relégué aux oubliettes.
Son personnage si singulier incarnait à lui seul la mélancolie de tous les incompris. Le visage immuable, la cascade sans trucage, il s’acharnait contre la nature là où Chaplin disséquait les rapports sociaux. Et si dans ses films, il était souvent pris pour un dangereux rebelle, c’est bien malgré lui. Tel un héros tragique, il était rempli de bonne foi, n’ayant souvent comme but que de convaincre sa dulcinée de ses bonnes intentions. Le malentendu se glissait souvent dans cette noble entreprise, donnant lieu à mille et un cafouillages loufoques. La Cinémathèque propose la première rétrospective montréalaise de l’artiste, avec 25 films muets dont The General, Go West, The Railrodder, The Three Ages, The Balloonatic et Buster Keaton Rides Again. Il serait regrettable de rater si bel hommage.
À la Cinémathéque québécoise
Du 12 au 30 juillet