Loser : Rien à perdre
Avec Loser, Amy Heckerling, qui s’était déjà fait les dents en matière de films de teenagers (Fast Times at Ridgemont High, Clueless), signe ici une histoire qui s’élève quelque peu au-dessus de la mêlée des films de jeunes.
Chaque été qui s’achève amène son lot de films de teenagers. Un genre qui s’en va croissant et qui rappelle, à qui l’avait oublié, le puissant pouvoir d’achat de ces adultes en devenir. Et, année après année, on nous sert l’éternelle recette: des ados découvrant leur entrejambe, s’empressent de partager la trouvaille avec leurs camarades. S’en suit une obsession maladive, à savoir qui perdra son pucelage le premier. D’ailleurs, à ce sujet, on se remet à peine du succès d’American Pie. Et, hasard ou nécessité, c’est celui-là même qui s’était… épris d’une tarte aux pommes tiède qui nous revient, cette fois dans un rôle autrement plus attachant.
Rien à redire, Jason Biggs (Paul) excelle dans ce rôle de collégien sentant encore le foin, qui débarque dans la grande ville avec de la bonté plein ses valises. Mais la bonne foi étant une attitude ringarde, des colocs sans pitié ne verront en lui qu’un pauvre minable. Avec Loser, Amy Heckerling, qui s’était déjà fait les dents en matière de films de teenagers (Fast Times at Ridgemont High, Clueless), signe ici une histoire qui s’élève quelque peu au-dessus de la mêlée des films de jeunes. Ne serait-ce que parce qu’elle nous épargne le cliché du nerd boutonneux et trapu.
Bien au contraire, Paul promène sans complexe sa jolie petite gueule à l’écran, s’habille somme toute normalement et fait de la lecture un intérêt, non pas une obsession. Ses difficultés d’insertion relèvent plutôt de son refus de se frotter aux jeunes fils de bourgeois qui carburent aux pilules euphorisantes et qui, le samedi venu, accourent chez le coiffeur pour faire refaire leurs mèches blondes. Devant de tels exutoires, normalité se confond presque avec marginalité. Et c’est en cela que le message de la cinéaste arrive à charrier quelques granules d’intérêt. Être ou paraître, là est la question.
La rectitude finira par payer et notre cher Paul réussira même à gagner l’affection de la belle Dora (Mena Suvaru, la pulpeuse ponpom girl d’American Beauty). Même avec un titre comme Loser, Hollywood n’a pas voulu se laisser tenter par une fin tristounette. Ils ont raison, le pessimisme est un vilain défaut…
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