Pink Narcissus : La vie en rose
Cinéma

Pink Narcissus : La vie en rose

Baigné d’une lumière rose fuchsia, dorée ou bleu électrique, Pink Narcissus est un délire psychédélique-kétaine où les références abondent: Cocteau, Querelle, le Douanier Rousseau, Tom of Finland, Liberace, Kenneth Anger…

De sa sortie initiale, en 1971, jusqu’à tout dernièrement, Pink Narcissus était signé Anonymous, apparemment parce que le producteur avait remonté le film, et que l’énigmatique réalisateur refusait d’y apposer son nom. Depuis, un livre sur le film, aux Éditions Taschen, a été publié; et James Bidgood, dessinateur de costumes de théâtre et photographe de MM. Muscle tout nus, est sorti de l’ombre, et assume désormais ce délire qu’il a filmé pendant sept ans dans son appartement de Manhattan.

Que raconte ce film entouré de mystère? Pas grand-chose, sinon qu’il aligne une suite de vignettes kitsch à mort, ayant pour seul lien un Narcisse boudeur (Bobby Kendall), à la croupe rebondie et au sexe protubérant, qui sert à dresser un catalogue des fantasmes gais, du motard au harem, en passant par le toréador, le gladiateur et le prostitué. Baigné d’une lumière rose fuchsia, dorée ou bleu électrique, Pink Narcissus est un délire psychédélique-kétaine où les références abondent: Cocteau, Querelle, le Douanier Rousseau, Tom of Finland, Liberace, Kenneth Anger, et j’en passe.

Ce qui sidère, c’est l’obsession du cinéaste pour son acteur, qu’il filme sous tous les angles; et le mal de chien qu’il s’est donné pour réaliser ces 70 minutes sans dialogues. Dessin sur pellicule, pixillation, macrophoto, objectifs déformants: Pink Narcissus témoigne autant du cinéma expérimental que de l’imagerie gaie. Si cette longue rêverie érotique verse souvent dans la complaisance, elle a un indéniable intérêt historique, ne serait-ce que pour constater d’où vient l’inspiration des photographes Pierre et Gilles…

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