Space Cowboys : L'étoffe des papys
Cinéma

Space Cowboys : L’étoffe des papys

Avec la dernière réalisation de Clint Eastwood, Space Cowboys, on peut parler de l’effet John Glenn, ainsi que d’une manne providentielle pour l’image de la NASA qui a souvent du mal à justifier les milliards de dollars qui partent en fumée depuis Cape Canaveral; mais on peut difficilement parler de bon film.

Parce qu’ils sont les seuls à pouvoir réparer un bidule qui cl0che dans un satellite russe, quatre pilotes sexagénaires, mis au rancart de la course aux étoiles dans les années 60, reprennent du service et sont enfin mis en orbite (et en danger) après un mois d’entraînement. Avec la dernière réalisation de Clint Eastwood, Space Cowboys, on peut parler de l’effet John Glenn, ainsi que d’une manne providentielle pour l’image de la NASA qui a souvent du mal à justifier les milliards de dollars qui partent en fumée depuis Cape Canaveral. Mais on peut difficilement parler de bon film. Le mot collage serait plus juste. Eastwood, dont les talents de metteur en scène sont souvent douteux (se souvenir de Midnight in the Garden of Good and Evil), s’est laissé emporter par le poids de la machine. À vouloir tout mettre dans sa saga spatiale, il a fait un incroyable mélange qui, au lieu de se lier en bonne mayonnaise, a recraché tous les genres et toutes les influences disparates.

Bon début cependant: on démarre en 1958, façon The Right Stuff, avec base militaire californienne, têtes brûlées et images en noir et blanc. Puis on bascule sur un ciel en couleur, à Houston. Frank (Clint Eastwood), tête de mule et franc-parler, sort de sa retraite pour chercher ses trois compagnons de virées aériennes: Tank (James Garner), devenu pasteur et papy; Jerry (Donald Sutherland), concepteur de parcs d’attractions et dragueur invétéré; et Hawk (Tommy Lee Jones), casse-cou bourru et solitaire. Les bonshommes sont caricaturaux et unicellulaires, mais plutôt amusants. Face au scepticisme du directeur de vol (William Devane), à la fascination amoureuse de la jeune ingénieure (Marcia Gay Harden) et à la vilenie du big boss (toujours James Cromwell), les pépés vont se plier aux exigences physiques de l’entraînement. On flotte entre Cocoon et M.A.S.H., avec quelques phrases-chocs et des situations cocasses qui ne sont pas de la première finesse, mais qui font sourire.Ce sont de vrais cow-boys, perdus par la technologie moderne; des délinquants sympathiques qui prennent continuellement leur âge comme sujet de dérision.
Mais malheureusement, ils finissent par décoller. Exit la comédie. Une fois en orbite, Eastwood le réalisateur n’est plus léger du tout. Le satellite est bourré de missiles, les machines cassent, les méchants se dévoilent, les femmes pleurent et les vieux ne parlent plus de leur âge. Ils sont devenus jeunes et sérieux. Et cons. On baigne alors dans Armaggedon et Apollo 13, avec explications techniques, réparations mécaniques à répétition, bruits de machines dans le vacuum spatial (toujours amusant), et allers et retours de la salle de contrôle au cockpit en apesanteur. Comme si cela ne suffisait pas, le scénario soudain s’emballe, pressé d’en finir. L’histoire, qui n’était déjà pas si crédible, ne donne plus d’explications du tout et réduit encore le comportement des personnages: on plonge alors en plein délire, sur fond de Mission to Mars, avec martyr de l’espace et retour songeur au bercail en prime. Bref, on l’aura compris: le troisième âge n’est plus ce qu’il était et la génération rebelle tient le coup. Mais regarder pendant deux heures de vieilles étoiles qui veulent encore briller, attentifs à copier les tics et le dynamisme des gamins de trente ans, ça donne furieusement envie de revoir African Queen ou The Limey

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