Autumn in New York : Morne saison
Cinéma

Autumn in New York : Morne saison

Fréquenter une minette de 20 ans: serait-ce le fantasme de tout quinquagénaire angoissé par le temps qui file? Une pratique universelle qui, pour les besoins de la cause, rapporte tout le charme d’un homme à son expérience et celui de la femme, à sa beauté.

Fréquenter une minette de 20 ans: serait-ce le fantasme de tout quinquagénaire angoissé par le temps qui file? Une pratique universelle qui, pour les besoins de la cause, rapporte tout le charme d’un homme à son expérience et celui de la femme, à sa beauté. Voilà donc le propos d’Autumn in New York, mettant en scène Richard Gere, l’incontestable sexe-symbole. Dans le rôle de Will, le vieux bourdon, il exécutera une jolie danse des abeilles autour de la juvénile Charlotte (Winona Ryder). Mais nuançons un peu les choses: Will n’est pas tombé bassement amoureux des courbes de Charlotte, il fut plutôt victime d’un coup de foudre carabiné. Affairé à gérer son prestigieux restaurant, il ne pouvait se douter qu’un jour, la prime fraîcheur s’attablerait chez lui.

D’ailleurs, il aura vite fait de découvrir que sous son vernis de finesse, Charlotte cache autant de grâce qu’un camionneur. C’est qu’ici, on veut éviter le cliché de la jeune fille prude aux actes mesurés. Du coup, le scénario se tire une balle dans le pied en proposant le personnage paradoxal d’une nymphette qui, à défaut d’être attachante, souffre d’être peu crédible. Mais cette maladresse est bien bénigne lorsque comparée au reste de l’histoire: devant le manque d’engagement du célibataire endurci qui ne cherche en elle qu’aventure, on apprendra que Charlotte est promise à un trépas imminent car souffrant d’une maladie incurable. Et pas n’importe laquelle, une maladie du coeur… S’ensuivra un dénouement qui se veut tragique mais qui, bien malgré lui, est tout à fait risible, pour ne pas dire ridicule.

Il n’y avait qu’Hollywood pour pondre pareille merveille. En fait, la véritable tragédie réside dans la récupération qui a été faite ici de Joan Chen, cette cinéaste (et actrice) d’origine chinoise qui avait autorisé tous les espoirs avec son premier film, Xiu Xiu: The Sent-Down Girl. Tout à l’opposé de ce deuxième essai, elle avait réussi là le double récit fort touchant d’une jeune fille qui avait perdu son âm en se donnant au plus offrant et des râtés de la Révolution culturelle chinoise. On n’aimerait pas jouer les rabat-joie, mais la réalisatrice aurait peut-être des leçons à tirer de cette première tentative.

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