The Cell : Le voyage fantastique
Tarsem , réalisateur de pubs et de clips (Losing my Religion, de REM), a inventé un nouveau monde de terreur fantastique avec The Cell, un premier long métrage convenu, mais superbe.
Mélanger dans un même film la fascination pour les rêves à celle, non moins grande, pour les prédateurs sexuels: le produit est vendeur, à condition de bien l’envelopper. On veut bien du morbide, mais on veut du beau… Tarsem, réalisateur de pubs et de clips (Losing my Religion, de REM), a inventé un nouveau monde de terreur fantastique avec The Cell, un premier long métrage convenu, mais superbe. Catherine (Jennifer Lopez), une gentille psychologue, essaie une nouvelle approche pour soigner ses patients: entrer dans leur subconscient par le biais d’une méthode de transfert couplée à des psychotropes. Elle tente sans succès de sortir un petit garçon du coma, quand on lui amène un tueur en série inconscient (Vincent d’Onofrio). Voyager dans la tête d’un fou n’est pas une promenade de santé, surtout que la dame doit y trouver des indices pour localiser la dernière victime du tueur. Heureusement, un agent du FBI mal rasé (Vincent Vaughn) la suit dans ce dédale de plus en plus dangereux.
Bénédiction pour les artistes des décors, du maquillage et des costumes, Tarsem a de l’imagination à revendre et il a inventé un univers qui mêle le glauque de The Silence of the Lambs et le suintant de Seven à la folie multicolore et cauchemardesque de Brazil. Avec, en prime, la noirceur des peintures de Bosch, les enluminures des Mille et Une Nuits, et les extravagances kitsch et dorées de l’Inde des maharadjas! Bref, du baroque dans l’horreur. On est loin des planches de Dali dans Spellbound… Dans son bazar personnel, le tueur adopte plusieurs personnalités, dont un petit garçon battu par son père, un minotaure lubrique, et surtout un roi de la torture, immense et couvert d’or. Look vampirique? Normal: la costumière (Eiko Ishioka) et la maquilleuse (Michele Burke) ont déjà gagné des Oscars pour le Bram Stoker’s Dracula. Tout cela est réellement très beau, singulièrement neuf et souvent dérangeant.
Quand on plonge, oppressé, dans de mauvais rêves et qu’on patauge, tressé, dans des fantasmes de plus en plus cruels, on ne peut que se réveiller avec la gueule de bois. Le glacial laboratoire de recherches, l’étouffante cellule d’eau des victimes, l’air un peu ailleurs de la psy (une scène entière pour nous montrer qu’elle fume du pot!) et l’obsession du flic fumeur de Marlboro: après ces voyages virtuels, même la réalité devient étrange. D’où l’intérêt du film. Si de petites irrégularités de comportement le distinguent, ce thriller se déroule cependant selon une cadence connue qui n’évite pas les clichés scénaristiques (compte à rebours, indices indéchiffrables et blonde hurlante enfermée).
Malheureusement, Jennifer Lopez rate son coup. À vouloir jouer de mutisme et de mystère, elle joue plat ou minaude. Enfin, si d’Onofrio est normalement inquiétant, Vincent Vaughn est le seul à tomber parfaitement dans l’esprit du film. Il a dans les traits, la diction et la démarche toute la lourdeur voulue, faite de trop de travail, d’obsession, de manque de sommeil et de brouillard postopératoire. Quand Tarsem sera aussi pointu dans sa direction d’acteurs que dans l’élaboration d’un décor, on va avoir peur…
Voir calendrier
Cinéma exclusivité