Croupier : Rien ne va plus
Voilà de quoi donner des sueurs froides aux anges gardiens de Loto Québec qui veulent que le jeu reste un «jeu». Jack (Clive Owen), la jeune trentaine, propre sur lui et non-violent, voit sa vie déraper depuis qu’il fréquente le casino.
Voilà de quoi donner des sueurs froides aux anges gardiens de Loto Québec qui veulent que le jeu reste un «jeu». Jack (Clive Owen), la jeune trentaine, propre sur lui et non-violent, voit sa vie déraper depuis qu’il fréquente le casino. Il ne mise certes pas sur la clémence du hasard, mais il mord tout de même à l’appât du gain. Il fait partie de ces hommes bien sapés qui répètent sans émotion: «Faites vos jeux, messieurs dames». Le boulot est payant et se résume à faire respecter le règlement. L’idée est de siphonner les poches du client tout en arborant l’expression de celui qui n’y est pour rien. Ce n’est que blotti contre sa petite femme (Gina McKee, Wonderland, Notting Hill) que notre croupier tressaille de mauvaise conscience.
C’est qu’avant d’en être réduit à servir cette industrie du vol organisé, notre héros poursuivait des ambitions autrement plus nobles. Les cheveux décolorés et l’attitude rebelle, il noircissait quotidiennement des pages dont personne ne voulait. Il se disait écrivain mais se butait constamment à un éditeur avide de faits vécus. En panne d’argent et d’inspiration, c’est donc avec fatalisme qu’il acceptera l’offre qui fera de lui un croupier et un auteur à succès. Sauf que le passage du personnage insoumis au serviteur docile est très boiteux. Une faille scénaristique qui résiste malheureusement à l’argument du salaire mirobolant.
L’idée du scénariste, Paul Mayersberg, (Merry Christmas, Mr. Lawrence) était de faire du film une sorte de fable – un peu simpliste, il faut en convenir – de la vie où certains travaillent sagement au casino et font respecter la loi du casino; alors que d’autres, habités par le goût du risque, viennent flamber leur fortune ou s’en faire une. Jack fera maladroitement partie des deux puisqu’en plus de veiller au grain, il baignera dans des affaires vaguement mafieuses. D’ailleurs le hasard s’infiltrera partout dans son univers jusqu’au dénouement peu plausible de toute cette histoire.
Le réalisateur anglais<> Mike Hodges, un vieux routard qui a donné place plus souvent au pire qu’au meilleur (Get Carter, Flash Gordon), mérite tout de même une mention pour l’ambiance qu’il a réussi à créer dans ce film indépendant de 1998: un univers mystérieux et feutré qui arrive à transformer un simple écrivain en un James Bond en puissance.
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