The Art of War : Les armes du pouvoir
Le titre est bien pompeux. Christian Duguay (The Assignement, Screamers) le sait, mais il n’est pas à un défi près. The Art of War est un thriller politique, genre qu’affectionne particulièrement le réalisateur québécois, qui fait état de houleuses relations sino-américaines.
Le titre est bien pompeux. Christian Duguay (The Assignement, Screamers) le sait, mais il n’est pas à un défi près. Le livre ancestral de Sun Tsu sur l’art de la guerre est une bible – que Napoléon appréciait -, et qu’aujourd’hui les gens de marketing consultant. Normal: on y parle de manipulation et de stratégie, afin de battre son ennemi sans forcément prendre les armes. Duguay, lui, part à l’assaut des productions d’Hollywood avec leurs propres munitions. Bonne chance…
The Art of War est un thriller politique, genre qu’affectionne particulièrement le réalisateur québécois, qui fait état de houleuses relations sino-américaines. Neil Shaw (Wesley Snipes) dirige une équipe d’intervention ultra secrète pour le compte des Nations unies. Il a pour patrons la froide Eleanor (Anne Archer) et le charmant secrétaire général Thomas (Donald Sutherland). Soudain, la politique tourne à l’aigre: l’ambassadeur de Chine se fait assassiner, tout comme la collègue de Neil, Novak (Liliana Komorowska); et on trouve des réfugiés morts dans un container. Heureusement qu’il y a Julia la traductrice (Marie Matiko), et Cappella le flic (Maury Chaykin), pour aider le héros à sortir de ce panier de crabes.
«On m’a offert un scénario vague, explique Duguay en entrevue. J’ai tout fait reprendre, avec trois scénaristes. Je voulais bien Wesley, mais je voulais aller plus loin avec lui, toucher un autre public, approfondir le sujet.» Il a réussi: Snipes est relativement potable, félin et cool, bien intégré à ce film d’action qui veut «s’élever». La maison de distribution mise gros: elle a décidé de sortir le film dans 2 600 salles en Amérique du Nord, une première pour un film canadien. The Art of War s’est tourné en 50 jours, entièrement à Montréal, avec une équipe québécoise (Pierre Gill à l’image, Michel Arcand au montage, Normand Corbeil à la musique) avec un budget de 24 millions $. On parle de 50 ou 60 millions pour la même chose made in Hollywood.
Bref, Duguay a fait ses devoirs, et il a parfaitement rempli le cahier des charges pour le public américain. Il a équilibré le mélange d’action (les inévitables virevoltes des arts martiaux), de gadgets techno (les balles de Matrix en plus subtil), de psychologie 101 (le boss est une femme, le héros est un Noir), de sexualité ultrapuritaine (la fille est complètement nue et on ne voit rien!) et d’exotisme reconstitué (scène finale hallucinante dans une France de carton avec, en concentré, une deux-chevaux, un café, un accordéon, etc.). Rien de nouveau, mais le divertissement est efficace, parfaitement huilé et certaines scènes séduisent, comme le coup d’envoi dans un Hong-Kong millénariste (qui rappelle celui de The Entrapment), ou le jeu de chat et de souris dans les couloirs des Nations unies. Il est étonnant de voir à quel point ces films fast-food-mais-sophistiqués finissent par se ressembler entre eux, et ressembler à des clips, qui, eux-mêmes, ressemblent à des pubs papier glacé! Un héros en cuir noir (DKNY? Armani?), une petite amie d’une autre ethnie qui a souvent les cheveux dans le visage; des ralentis de John Woo, des accélérés vertigineux, etc. Bref, le produit est très tendance, mais dans les détails, il ne manque pas d’élégance.
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