Autres films : La Ruée vers l'art
Cinéma

Autres films : La Ruée vers l’art

Comme chaque année, une fois le FFM passé, les films venus des quatre coins de la planète s’offrent le luxe d’affronter les canons hollywoodiens de l’automne, se partageant quelques écrans avant le déluge de Noël.

Comme chaque année, une fois le FFM passé, les films venus des quatre coins de la planète s’offrent le luxe d’affronter les canons hollywoodiens de l’automne, se partageant quelques écrans avant le déluge de Noël. Bonne nouvelle: alors que depuis cinq ans les productions françaises se faisaient de plus en plus rares sur nos écrans, l’automne 2000 apportera près d’une trentaine de films venus de France. S’ils sortent effectivement tous en salle, ce sera un début de millénaire faste pour le cinéma des cousins…
De nombreux films présentés au FFM amorceront leur carrière dans les prochaines semaines. Si la cohue festivalière vous rebute, pas de panique, vous pourrez voir, d’ici peu, Gouttes d’eau sur pierres brûlantes, de François Ozon, avec Bernard Giraudeau et Anna Thompson; Sade, de Benoît Jacquot, avec Daniel Auteuil; Merci pour le chocolat, de Chabrol, avec Huppert et Dutronc; Une affaire de goût, de Bernard Rapp, avec Giraudeau; Le Goût des autres, d’Agnès Jaoui, avec Lanvin et Bacri; et Les Destinées sentimentales, d’Olivier Assayas, avec Béart, Berling et Huppert.
Parmi les films moins médiatisés, mentionnons Le Pique-nique de Lulu Kreutz, de Didier Martiny, dans lequel un groupe d’amis (Philippe Noiret, Carole Bouquet, Stéphane Audran, Michel Aumont) va se retrouver, le temps de mettre les pendules à l’heure et de mesurer le temps qui est passé; Le Monde de Marty, avec Michel Serrault dans le rôle d’un muet paralysé, charmé par un petit garçon; et Les Autres Filles, de Caroline Vignal, dans lequel une jeune Toulousaine cherche à perdre sa virginité. Un film avec Bernard Ménez, ça peut pas être mauvais!

Suite française
Douze ans après Camille Claudel, Bruno Nuyten revient à la réalisation, avec Passionnément, dans lequel Gérard Lanvin et Charlotte Gainsbourg incarnent un couple maudit. Au Parallèle, les cinéphiles purs et durs pourront découvrir L’Humanité, de Bruno Dumont (La Vie de Jésus), Grand Prix du jury de Cannes, sur "la monstruosité de la nature humaine". Les deux premiers films de Jean-Marc Barr pourraient bien sortir en même temps: Lovers, chronique à la Dogma d’un couple (Élodie Bouchez et Sergei Trifunovic) dans Paris; et Too Much Flesh, sur un triangle amoureux (Rosanna Arquette, Élodie Bouchez et le beau Barr lui-même).
Sept ans après Aux Petits Bonheurs, Michel Deville est de retour avec Les Confessions du docteur Sachs, qui raconte par le menu la vie d’un médecin de campagne incarné par Albert Dupontel. Rien de moins que 51 rôles parlants dans cette drôle de chronique; et Agnès Jaoui est Une femme d’intérieur, dans le film de Christophe Blanc. On reprend les mêmes et on recommence: produit et écrit par Luc Besson, Taxi 2, de Gérard Krawczyk, met en scène les zigotos du premier épisode, qui doivent retrouver un ministre japonais, enlevé par des yakusas. Réalisateur honnête et parcimonieux, Robert Enrico (La Révolution française) revient avec Faits d’hiver, l’histoire d’un père de famille divorcé qui, privé de ses enfants, les prend en otages. Avec Charles Berling, Jean-François Stévenin, Michel Duchaussoy et Claude Brasseur. Dans En vacances, coproduction franco-québécoise d’Yves Hanchar, Luc Picard et Jessica Paré incarnent des Français en vacances. Si l’on se fie à la bande-annonce, on y croit…
Les films historiques ont la cote: aux côtés d’Uma Thurman et de Tim Roth, Depardieu sera Vatel, cuisinier de Louis XIV, et inventeur de la crème chantilly, dans le film de Roland Joffé. Vincent Pérez nous dévoilera les côtés pile et face de Diderot dans Le Libertin, de Gabriel Aghion (Pédale douce), avec Fanny Ardant et Josiane Balasko. Dans Le roi danse, de Gérard Corbiau (le surestimé réalisateur de Farinelli), Benoît Magimel, Boris Terras et Tchéky Karyo seront, respectivement, Louis XIV, Lully et Molière; mais il faudra attendre décembre (et peut-être février) avant de voir La Veuve de Saint-Pierre, de Patrice Leconte, avec Juliette Binoche, Emir Kusturica et Daniel Auteuil.

Récits d’ailleurs
Par les temps qui courent, une petite dizaine de films à n’être ni français ni américains, et c’est Noël! Parmi ceux-ci, le plus attendu est certainement In the Mood for Love, de Wong Kar-Wai (Happy Together), dans lequel un homme (Tony Leung) et une femme (Maggie Cheung) se rapprochent lorsqu’ils réalisent que leurs conjoints respectifs ont une liaison. Dans Tabou, de Nagisa Oshima (L’Empire des sens), un samouraï du XIXe siècle s’éprend d’un autre, plus jeune que lui; et Suzhou River, de Lou Ye, coproduction sino-allemande, suit un cameraman qui arpente les rues de Shanghai, à la recherche de sa blonde, partie sans explications.
Après Taxi Blues et Luna Park, Pavel Lounguine revient avec La Noce, ou les déboires d’une famille russe qui marie l’un de ses fils; tandis que 2 hommes, 2 femmes, 4 problèmes est une comédie allemande, qui a connu un vif succès dans son pays d’origine. Produit par Jacques Perrin, Himalaya, l’enfance d’un chef, d’Éric Valli, retrace le combat qu’un vieil homme mène contre les plus hautes montagnes au monde.
Plusieurs films du monde arabe sont prévus avant la fin de l’année: Le Paradis des anges déchus, de l’Égyptien Oussama Fawzi, une comédie noire dans laquelle une famille cache le décès du patriarche; La Couleur du paradis, de l’Iranien Majid Majidi, en nomination pour un oscar du meilleur film étranger; et La Nuit du destin, d’Abdelkrim Bahloul, dans lequel Philippe Volter incarne un flic qui résout un meurtre grâce au Coran.
Coproduction franco-cubaine, Cuba Feliz est signé Karim Dridi, l’excellent réalisateur de Pigalle et Bye-Bye, dans laquelle on suit El Gallo, un vieux musicien cubain; L’Homme nu est une comédie brésilienne sur les 24 heures d’un type à poil dans Rio; et Lumumba, de Raoul Peck (L’Homme sur les quais), retrace la vie du héros de l’indépendance congolaise.
C’est à Ex-Centris qu’on pourra découvrir les débuts du réalisateur de Trois Couleurs: Bleu: Du point de vue d’un veilleur de nuit, Les Têtes parlantes, L’Hôpital, La Gare, et Je ne sais pas sont les titres des premiers courts métrages de Kieslowski, inédits chez nous. Alors que le FFM présente une dizaine de films italiens récents, pas un seul n’est à l’affiche d’ici Noël. Hormis La Vita e bella, point de salut? Un petit effort, messieurs et mesdames les distributeurs et trices…