The Color of Paradise : Sans couleurs
Ne prenez surtout pas le prix qu’a gagné ce film au FFM de l’année dernière comme gage de qualité.
Ne prenez surtout pas le prix qu’a gagné ce film au FFM de l’année dernière comme gage de qualité. L’attribution qu’on lui a faite de la plus haute mention du Festival laisse perplexe et songeur. Prétentieux, le réalisateur iranien Majid Majidi (dont le film précédent, Children of Heaven, était fort bien réussi) avait alors déclaré qu’il s’y attendait. C’est à se demander s’il a volontairement forcé la dose des bons sentiments afin d’émouvoir les bonnes âmes. Des larmes de crocodile ont bien dû couler ici et là dans la salle devant cette prétendue innocence qui se révèle drapée de plomb. Même avec toute la bonne volonté du monde, on a du mal à croire à cette histoire pesante de Mohammad, cet enfant aveugle, en manque d’amour paternel.
Confié à son père pour les vacances d’été, l’enfant poireautera longtemps devant le portail de son école, avant que ne se pointe ledit père. On devine que le handicap de l’enfant est un fardeau, vu la haine que le paternel exprime. Par contre, une fois chez lui, Mohammad trouvera des soeurs et une grand-mère dégoulinantes d’amour. Dans un bonheur disneyen, ils occuperont leurs journées à cueillir des fleurs sauvages et à courir derrière les papillons, quand ils ne feront pas la pause pour nourrir (au ralenti) les poules, sur une musique de flûte… Mais les desseins sataniques du père, occupé à des ambitions nuptiales pour remplacer sa défunte épouse, finiront par se matérialiser, plongeant du coup la grand-mère dans un chagrin qui lui sera fatal. Enfin, ce sera l’occasion pour l’ignoble géniteur de se découvrir subitement un amour débordant pour son fils miraculeusement ressuscité.
À la limite, on aurait pu nous faire gober ce scénario en usant d’un peu de finesse dans la mise en scène. Il n’en est rien. Même que le réalisateur semble prendre un malin plaisir à exaspérer la patience du spectateur en insistant sur des détails qui finissent par donner l’urticaire. Comme cette manie qu’a ce gamin aveugle d’essayer de déchiffrer des messages en braile dans tout et n’importe quoi: dans le bruit que fait le pic-vert, dans les pétales des fleurs, dans les germes de blé et dans les cailloux du ruisseau… D’ailleurs, le titre provisoire du film fut Les Mains qui voient. Et pourquoi pas Les Yeux du coeur, tant qu’à y être…
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