The Terrorist : La captive
Venant du pays de "Bollywood", un petit film indépendant comme The Terrorist fait figure de suicide professionnel. Sauf qu’il a été tourné en 17 jours avec 50 000 $ par quelqu’un qui sait très bien ce qu’il fait: il s’agit du premier long métrage de fiction de Santosh Sivan.
Venant du pays de "Bollywood", un petit film indépendant comme The Terrorist fait figure de suicide professionnel. Sauf qu’il a été tourné en 17 jours avec 50 000 $ par quelqu’un qui sait très bien ce qu’il fait: il s’agit du premier long métrage de fiction de Santosh Sivan, directeur photo d’une quarantaine de films, récipiendaire de nombreux prix en Inde, documentariste et réalisateur de pubs à ses heures. Il a eu l’idée de ce film en pensant à l’assassinat de Rajiv Gandhi.
Malli (Ayesha Dharkar) a 19 ans, elle est la soeur d’un martyr de la cause et la fille d’un poète mort pour la cause. Quelle cause? Assez floue. On se trouve dans un camp, au milieu de la jungle, dans une guérilla qui ressemble fort à celle du Sri Lanka. Le leader, dont on ne voit que la nuque et les mains, lave le cerveau des recrues, leur promettant une mort héroïque pour le bienfait futur. Malli, qui tue sans sourciller, est choisie pour une opération kamikaze. Envoyée aux abords de la ville, elle attend dans une ferme le jour de sa mort et, avec la sienne, celle d’un haut dignitaire, obstacle à la cause. Mais la ferme est tenue par un paysan excentrique et optimiste, qui, tel un poète, bavarde sur le bonheur de la vie…
L’acteur John Malkovich a vu ce film en 1998, alors qu’il était membre du jury du festival du Caire. On lui doit cette sortie nord-américaine. Le film a d’ailleurs été présenté ici, à Fantasia. Il est vrai que la séduction de The Terrorist est immédiate. On y entre par une scène de liquidation d’un traître, mais on remarque surtout les yeux opaques de la jeune femme qui appuie sur la gâchette et l’intensité presque 3-D de la pluie qui tombe dans cette clairière. The Terrorist n’est pas un film politique mais un mélo romanesque superbement filmé.
S’il faut reconnaître la précision du scénario qui amène doucement Malli à changer d’avis, à s’affranchir des phrases du leader, et à réfléchir sur son sort, le spectateur a, quant à lui, tous les éléments pour prévoir l’action. On sait ce qui va se passer, et, surtout en fin de parcours, cela donne quelques longueurs. Mais il est difficile d’oublier cette traversée dans une forêt minée où Malli est guidée par un gamin qui a tout d’un esprit des bois, mais qui n’est qu’un enfant de la guerre, fou de solitude… Une lumière intense fait ressortir le vert de cette forêt. Et on s’arrête sur les nervures d’une feuille qui sert d’assiette, le blanc mat du riz collant, le lustre des cheveux mouillés, ou les visages des amants couverts de terre et de sueur. Et de l’eau partout, tout le temps… Les images vraiment magnifiques de ce film font des miracles: elles estompent les longueurs, le jeu appuyé de la comédienne et même les sous-titres.
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