Beautiful : Beauté fatale
Depuis son enfance, entre une mère trop absente et un beau-père trop présent, Mona (Minnie Driver) rêve de devenir Miss America.
Depuis son enfance, entre une mère trop absente et un beau-père trop présent, Mona (Minnie Driver) rêve de devenir Miss America. Au point de tout sacrifier à son ambition, y compris sa petite fille (Hallie Kate Eisenberg), qui croit qu’elle est l’enfant de la meilleure amie (Joey Lauren Adams) de sa vraie mère. Alors que son rêve est à portée de main, la reine de beauté devra choisir entre être "un modèle pour des milliers de petites filles ou bien pour une seule".
Clientèle cible plutôt que public, produit plutôt que film, marketing plutôt que bouche à oreille: Hollywood a poussé l’art du commerce si loin que la production cinématographique américaine d’aujourd’hui ressemble vraiment à une grande surface avec ses allées bien identifiées (de peur qu’on se perde), son roulement d’articles (de crainte qu’on s’ennuie), et ses promotions afin d’allécher le consommateur. Ados, Noirs, vieux, gais, Latinos, etc. ont, maintenant, toutes leurs productions bien étiquetées. Dans le rayon film fait par une femme, racontant une histoire avec des femmes, et s’adressant à des femmes, voici le produit-vedette de la semaine: Beautiful, premier film réalisé par Sally Field.
Encore plus qu’ailleurs, Hollywood est un boy’s club. Soit. Pour un film comme celui-ci, on a des dizaines de Perfect Storm, de Rocky 28 et autres Terminator 15. Re-soit. À l’époque où elle était ministre, Françoise Giroud déclara que l’égalité entre les sexes serait atteinte, en politique, le jour où une femme incompétente serait nommée à un poste important. Si l’on se fie à Beautiful, ce temps-là est arrivé en Californie. En théorie, certes, on ne peut que se réjouir qu’une comédie soit une affaire de femmes, mais on ne peut que déplorer que cette brèche dans un domaine traditionnellement masculin ouvre sur un film aussi prévisible qu’ennuyeux. Avec son dénouement qu’on voit venir dès le début, ses personnages secondaires qui ont moins de substance que ceux d’une sitcom moyenne, ses dialogues où surnagent deux ou trois bonnes répliques, Beautiful est un produit interchangeable avec les dizaines de comédies javellisées qui sortent des usines hollywoodiennes.
Avec un sujet pareil (la beauté, son pouvoir et ses limites), Sally Field avait le champ libre pour signer une comédie mordante et actuelle. Elle s’est contentée d’illustrer platement ce qu’elle dénonce: le vide incommensurable d’une société obsédée par l’image. Dommage.
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