Méchant Party : Méchant ratage
Cinéma

Méchant Party : Méchant ratage

Parfois, c’est désolant de voir à quel point certains films québécois manquent de maîtrise.

Parfois, il est désolant de voir à quel point certains films québécois manquent de maîtrise. Et c’est triste à dire, mais le premier film de Mario Chabot (un diplômé de l’École de l’humour qui s’est introduit dans le septième art par la porte de la vidéo corporative) s’inscrit malheureusement dans cette lignée de médiocrité. Au-delà de la pauvreté du scénario, ce qui choque le plus lors du visionnement, c’est l’inquiétante méconnaissance du langage cinématographique. Prenez le flash-back, par exemple. Pour le comprendre, il faut que son début et sa fin soient explicitement, ou du moins subtilement, marqués, sinon ce code n’en est plus un. Dans Méchant Party, on se rend réellement compte qu’on est dans un flash-back toujours quinze minutes en retard. Et Dieu sait que les flash-back abondent dans le film.

On a donc constamment le vague sentiment d’être en face d’un film surréaliste où les scènes se succèdent dans un ordre aléatoire. S’ajoutent d’ailleurs à cette confusion, de grossières gaffes techniques qui n’échappent pas à l’oeil du profane et qui ne manquent pas de sidérer l’oeil plus aiguisé. Il n’est pas rare d’avoir l’impression que les plans sont bêtement juxtaposés et non montés. Une impression qui s’accentue avec le jeu grotesque des acteurs. Pourtant, il est dit dans le dossier de presse que le cinéaste "possède un sens inné (sic!) du dialogue et du rythme". C’est fou comme parfois la nature tarde à se manifester.

Et le mobile de toute cette agitation est encore plus désespérant. Un banlieusard (Roc Lafortune, le "coké" des Boys), crétin accompli, tombe sur un dealer angoissé (David La Haye) qui lui fait passer un mauvais quart d’heure. Attention, la subtilité est à son comble. C’est le soir de l’Halloween, notre héros des banlieues a revêtu son petit costume de pirate et pris les commandes de sa voiture américaine, direction downtown. Chemin faisant, il croise un malheureux en panne. Il le ramasse et se retrouve l’otage d’un gars "méchant, méchant" qui doit absolument faire ses livraisons de poudre pour la soirée. Lorsqu’on apprend qu’il a fallu onze versions du scénario pour en arriver à cette merveille, on reste songeur. Mais lorsqu’on apprend que ce film a coûté 1,2 million de dollars, une rage se met à gronder.

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