Dr. T. and the Women : Quoi de neuf, docteur?
Dans la plupart des cas, on n’aime pas se faire raconter l’histoire d’un film avant de l’avoir vu. Mais, dans le cas de Dr. T. and the Women, c’est plutôt amusant. C’est même ce qu’il y a de plus amusant dans le dernier film de Robert Altman.
Dans la plupart des cas, on n’aime pas se faire raconter l’histoire d’un film avant de l’avoir vu. Mais, dans le cas de Dr. T. and the Women, c’est plutôt amusant. C’est même ce qu’il y a de plus amusant dans le dernier film de Robert Altman, cinéaste si inégal que le souligner une fois de plus frôlerait le pléonasme…
Gynécologue et obstétricien à Dallas, Sully Travis (Richard Gere) est professionnel jusqu’au bout des ongles, compatissant jusqu’à la sainteté, et il est aimé de ses deux filles (Kate Hudson et Tara Reid), de sa femme (Farrah Fawcett), de sa belle-soeur (Laura Dern), de son assistante (Shelley Long) et de ses clientes. Beau et bon, riche mais pas trop, époux aimant et fidèle, père présent, médecin fiable et prévenant: le Dr. T. n’est pas un homme, c’est une carte postale. Raison de plus pour que sa vie réglée comme un set carré se dérègle.
Le coup d’envoi est donné par sa femme qui pète les plombs, fait du Margie Gillis toute nue dans la fontaine d’un centre commercial, et est internée dans une clinique psychiatrique, souffrant du syndrome de Hestia, qui replonge en enfance les femmes qui ont tout ce qu’elles désirent. Sur le point de se marier en grande pompe, une de ses filles choisit comme demoiselle d’honneur une amie de Houston (Liv Tyler) dont elle est amoureuse; sa soeur, guide touristique au Musée sur l’assassinat de Kennedy, est verte de jalousie; l’assistante modèle se fout à poil pour faire un massage à son patron, qu’elle aime en silence depuis toujours; la belle-soeur vide tous les fonds de bouteilles qu’elle trouve; le beau gynéco devient l’amant d’une golfeuse entreprenante (Helen Hunt); et les clientes le harcèlent jour et nuit.
Entre le slapstick et la satire sociale, le scénario d’Anne Rapp (Cookie’s Fortune) part dans tous les sens, sans aller nulle part. En effet, dès la séquence d’ouverture, où Altman nous refait, en moins inspiré et de façon tout à fait gratuite, le coup de The Player (plan-séquence où il filme la salle d’attente du cabinet du Dr. T. comme un poulailler en folie), on a vite compris que la vie du médecin zen est sur le point de dérailler. Le problème, c’est que lui le réalise à la toute fin, deux heures plus tard. En fait, Dr. T. and the Women finit là où il aurait dû commencer. Le chaos cher à Altman, et qui, dans certains de ses meilleurs films (M.A.S.H., Nashville, A Wedding), met en lumière les tares de la société américaine, n’est en fait qu’un capharnaüm vide de sens. Caricaturiste parfois inspiré, Altman fait ici preuve d’un cynisme qui frise la misogynie. Catalogue de fantasmes masculins (illustré, par ailleurs, de façon assez pudibonde) sur le thème: "Que se passe-t-il dans le cabinet d’un gynéco, dans un vestiaire de cheerleaders, dans les cuisines et les boutiques, l’après-midi?", Dr. T. and the Women donne surtout l’occasion à Richard Gere de promener ses yeux d’épagneul et sa dégaine de top model à la retraite dans une comédie hystérique qui tourne à vide. Beaucoup de bruit pour rien.
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