The Contender : La femme publique
Cinéma

The Contender : La femme publique

"Vous êtes l’avenir du Parti démocrate, et vous le serez toujours!" dit le président des États-Unis (Jeff Bridges) au gouverneur déconfit qui briguait la vice-présidence. C’est la meilleure réplique de The  Contender.

"Vous êtes l’avenir du Parti démocrate, et vous le serez toujours!" dit le président des États-Unis (Jeff Bridges) au gouverneur déconfit qui briguait la vice-présidence. C’est la meilleure réplique de The Contender, suspense politique dans lequel la future première vice-présidente américaine (Joan Allen) est passée au crible d’un comité dirigé par un Grand Inquisiteur (Gary Oldman), républicain antiféministe qui use et abuse des photos d’une orgie, à laquelle la dame aurait participé à l’université, pour faire voler en éclats la carrière politique de celle-ci.

Second film écrit et réalisé par Rod Lurie, The Contender avait tout pour être un de ces films qui font (ont fait?) la force d’un cinéma américain lucide et efficace, capable d’allier regard critique et sens du récit – voir All The President’s Men et autres Apocalypse Now.
Hélas, trois fois hélas, The Contender est bien un produit de son époque: techniquement irréprochable, idéologiquement mou et politiquement correct. Pourtant, la place des femmes en politique et l’obsession puritaine des Américains pour la vie privée de leurs dirigeants constituaient un sujet en or. De plus, entre le "Monicagate" et les prochaines élections présidentielles, on ne pouvait rêver d’un timing plus adéquat.

Une fois n’est pas coutume: révélons la fin de ce film à message qui se saborde avec une conclusion qui annule tout ce qu’il a défendu jusqu’alors. En effet, une fois que le conflit central s’est réglé (de façon carrément artificielle), la politicienne confesse à son président adoré qu’il ne s’agit pas d’elle sur les photos incriminantes, et qu’elle refuse de le révéler à la presse. En dehors de l’invraisemblance de la situation (un personnage politique – une femme, comme par hasard… – qui, à ce niveau de pouvoir, se sacrifie pour des principes), ce retournement va à l’encontre de tout ce que défend le film. En outre, c’est suivi d’un discours présidentiel final qui ferait rougir le plus exalté des patriotes yankees, au point qu’on se demande si Rod Lurie ne fait pas de l’ironie.

Restent les acteurs, la grande force du cinéma US: Joan Allen, parfaite, dans la force comme dans la fragilité, en femme de principes; Jeff Bridges, qui semble s’amuser comme un petit fou en clone de Clinton; et Gary Oldman, savoureux en parangon de la vertu, qui s’est fait une tête à la Godard – le cheveu rare et fou, les lunettes cerclées de noir, et la diction précise et vaguement méprisante. Toutefois, ce n’est pas suffisant pour racheter un film qui, en plus d’être moralement douteux, est paresseusement réalisé, trop long et trop court à la fois. Au suivant!

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