2 Hommes, 2 Femmes, 4 Problèmes : Rire à Venise

Attention, voici un film allemand, drôle et léger. La chose n’étant pas si courante sur nos écrans, mentionnons-le. 2 Hommes, 2 Femmes, 4 Problèmes est une comédie romantique qui roule. Du tout-confort, mais rien d’abrutissant. On se laisse aller au rythme de ce road-movie familial et cocasse, comme on plonge ses mains dans son paquet de biscuits favoris. Tant qu’il y en a encore, on mange.

La réalisatrice Vivian Naefe pourrait être une copie autrichienne de ce que fut jadis Nora Ephron: dans 2 Hommes, 2 Femmes, 4 Problèmes, on retrouve les personnages dynamos, les rebondissements prévisibles, le verbiage du tac au tac des conversations et le happy end attrapé au vol à la dernière minute dont était capable la productrice de When Harry Met Sally. Ici, la jolie fille s’appelle Eva (Aglaia Szyszkowitz). Elle est serveuse, maman de deux bambins, et amoureuse de leur père, Luis (Gedeon Burkhard), un peintre qui ne veut pas travailler et qui passe ses grandes journées à culbuter une banquière, Charlotte (Hilde Van Mieghem). Quand cette dame et le beau Luis décident d’aller roucouler à Venise, Eva l’apprend, et elle se fâche. Elle décide de kidnapper Nick (Heino Ferch), mari de Charlotte et riche avocat coincé, pour aller surprendre les amants sur le Grand Canal.
On s’aperçoit vite que l’avocat aurait des petits airs de Bruce Willis, sans ses lunettes, et que le peintre perd son restant de séduction depuis qu’il souffre de turista vénitienne. La suite des événements devient alors relativement simple à saisir. On redistribue les cartes du coeur entre adultes consentants et la paire gagnante allie beauté, sensibilité, fric et culture. Ce n’est pas un scoop scénaristique, mais l’assaisonnement est correctement zesté. Le plus amusant dans cette comédie qui, paraît-il, a tant fait rire les Allemands, ce sont justement les petites différences culturelles qui empêchent 2 Hommes, 2 Femmes, 4 Problèmes de sombrer immédiatement dans l’oubli, d’être le énième produit parfumé à l’eau de rose des usines Hollywood.

Un monsieur tout nu au bout de quelques plans, des problèmes d’érection, une sexualité posée comme "fait de vie": ça ancre un peu plus les relations que dans You’ve Got Mail. Une fille au look commando qui n’a rien d’une mère idéale (et qui ne rachète jamais cette image), traînant en Italie des enfants normaux qui pleurent, ont faim, salissent des couches, et pointent des pistolets à eau avec un rictus malin: ça résonne d’une autre réalité que celle d’Erin Brockovich. Tout ceci reste bien sûr invraisemblable, mais beaucoup moins standardisé que les larmes des robots juniors états-uniens.

Bref, cette comédie romantique n’échappe pas au fatras des coïncidences oiseuses et des hasards forcés. Mais la touche Euro, l’aisance des acteurs, les bizarreries (un avocat allergique aux enfants…) et le dedain affiché pour le décor (on se fout de Venise, tout de même!) sauvent ce film. À voir comme une bonne variation sur le même thème.

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