Blair Witch 2: Book of Shadows : Fausse alerte
The Blair Witch Project avait autant besoin d’une suite que le cinéphile, d’un autre produit hollywoodien en série.
The Blair Witch Project
avait autant besoin d’une suite que le cinéphile, d’un autre produit hollywoodien en série. Mais la logique commerciale a ses raisons… Et avec les quelque 250 millions engrangés par ce film Cendrillon, qui en avait à peine coûté 30 000 $, la suite des événements, vue sous l’angle hollywoodien, n’était rien de moins que programmée. Voici donc Book of Shadows, sequel artificiel d’une oeuvre-culte qui n’en appelait pas. Une entreprise purement mercantile, quoi.
Avec sa forme cheapo documentaire, The Blair Witch Project faisait du vrai avec du faux. Ce fut le génie de sa mise en marché: entretenir le doute quant à sa véracité. Book of Shadows en rajoute une couche, se présentant comme la reconstitution d’événements réels, consécutifs à la frénésie médiatique ayant entouré le faux documentaire…
Retour à Burkittsville, donc, une localité désormais envahie par les touristes chinois et les weirdos, venus faire le plein de sensations fortes. Sous la gouverne d’un ex-psychiatrisé, une jolie sorcière, une spirite au look de Mortitia Addams, un écrivain qui prépare un livre sur cette "hystérie collective" ainsi que sa petite amie enceinte s’embarquent pour un tour guidé des fameux sites des Black Hills. Les imprudents en auront pour leur argent: l’expédition tournera à la violence, avec étranges visions, possession aux relents mystiques et meurtres en prime.
Du propre aveu de son réalisateur au magazine Entertainment Weekly, Book of Shadows est un film qui s’intéresse au premier chef à ce qu’est devenu son prédécesseur: un phénomène social. Documentariste estimé (Brother’s Keeper, Paradise Lost), Joe Berlinger s’est souvent penché sur la question de la violence. Truffé de vrais clips médiatiques, naviguant entre le support filmique et la vidéo, son film est lourdement autoréférentiel. Et moins un film de peur qu’un questionnement sur la difficulté de discerner le vrai du faux dans les médias, sur la violence artistique qui engendre la violence réelle, sur les rapports entre la fiction et la vie… Tout ça, sans même la légèreté qui animait la veine horrifico-parodique à la Scream.
Là où l’original tirait efficacement profit d’un ingrédient très simple (la peur de l’inconnu, du noir, de ce qu’on ne voit pas), Blair Witch 2 est une créature à l’esthétique léchée mais tarabiscotée qui, à coups d’images qui se veulent effrayantes, de "flash-forward" (des projections en avant) et de flash-back, annonce ses punchs à l’avance. Bonjour le suspense.
On voit mal à qui pourrait plaire ce film sans âme, hybride et factice, qui ne suscite pas l’ombre d’un frisson.
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