À l’abri du temps : Temps perdu
On a tous vu, aux Olympiques, un coureur gagner l’or à un centième de seconde de celui qui devra se contenter de l’argent. L’infiniment petit devient palpable, et le temps infinitésimal est lourd de conséquences.
On a tous vu, aux Olympiques, un coureur gagner l’or à un centième de seconde de celui qui devra se contenter de l’argent. L’infiniment petit devient palpable, et le temps infinitésimal est lourd de conséquences. Mais comment mesure-t-on ces fractions de seconde? Et qui? C’est le genre de questions auxquelles répond À l’abri du temps, documentaire de Stéphane Drolet sur le temps. Grande question qui, ici, ne trouve pas grand écho.
Le film se promène entre un horloger québécois rêvant d’aller vivre en Suisse; trois chercheurs qui, depuis sept ans, mettent au point une "fontaine atomique", mesure du temps quasi parfaite; un ingénieur français et quelques artisans du Jura, héritiers d’un savoir ancestral.
Hélas, entre la science et la poésie, Stéphane Drolet a choisi la technique. Est-ce l’ampleur de la tâche? La complexité d’explications technologiques difficiles à vulgariser? Toujours est-il qu’À l’abri du temps égrène, au cours de ses 79 longues minutes, de l’information, en n’allant jamais en profondeur. On y apprend que la montre fut, avec le boulet de canon, l’un des premiers objets industrialisés; que le temps atomique international est en application depuis 1975; et que les minutes existent depuis 600 ans; les secondes, depuis 300 ans; et les milliardièmes de seconde, depuis 30 ans. Mais là où il aurait fallu des philosophes et des poètes, on a droit à des platitudes du genre: "Ce qui est fascinant dans la recherche sur le temps, c’est qu’on ne peut refaire deux fois la même chose."
La dernière partie s’améliore avec les observations à l’emporte-pièce d’une Africaine vivant en Suisse. "Il y a plusieurs temps. Celui de l’Europe, c’est le temps utile. Le temps de vivre, c’est autre chose", dit-elle. De plus, l’émotion se pointe avec l’horloger qui pleure en parlant de la beauté d’une montre. Mais c’est trop peu, trop tard. Affligé d’une narration faible ("les horloges nous surveillent partout…"), ce documentaire scolaire effleure à peine ce sujet pourtant capital, Dommage.
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