In a Savage Land : Voyage organisé
Cinéma

In a Savage Land : Voyage organisé

Qu’advient-il lorsqu’une simple romance ne suffit plus à nourrir son homme? Il reste peut-être l’exotisme.

Qu’advient-il lorsqu’une simple romance ne suffit plus à nourrir son homme? Il reste peut-être l’exotisme. À moins que l’exotisme ait besoin de romance pour se justifier. Quoi qu’il en soit, un alliage des deux n’a jamais nui au box-office. Bill Bennett a compris l’équation. Ce cinéaste australien qui s’est fait connaître avec des productions modestes mais non dénuées d’intérêt (Backlash, Kiss or Kill) se lance brusquement dans les ligues majeures avec ce qui peut ressembler à une Minute du patrimoine qui étirerait péniblement ses images léchées sur presque deux heures.

Le dossier de presse parle de la plus grosse production indépendante en Australie. En effet, lorsqu’un film carbure à plus de dix millions, peut-on réellement parler d’une manoeuvre indépendante? Si l’idée de base était de faire un film anthropologique, le résultat louche plutôt du côté de la fresque sentimentale, bâtie à coups de larmes et de crises de nerfs. Rien à faire, l’argument premier se fait très vite secondaire.

Quelque part dans les années 30, un anthropologue (Martin Donovan, acteur fétiche d’Hal Hartley qui aurait mieux fait de s’abstenir pour ce rôle) épouse son étudiante (la débutante Maya Stange). Pour l’avancement de la science, ils se lancent toutes voiles tendues vers la Papouasie, question de sonder ces peuples aux moeurs bizarres et à la promiscuité inquiétante. À peine débarqués, ils ont droit à un accueil sous forme de cris aigus. L’anarchie a quelque chose de folklorique. Ventres bombés et seins ballottants, les habitants savent, miraculeusement, discourir en anglais (!). Intrigués, leurs nouveaux observateurs griffonnent leurs confidences dans des carnets.

Mais voilà, la querelle ne tarde pas à miner le couple fragilisé par le choc culturel. Bientôt, la femme accuse son mari de misogynie et en profite pour plier bagage. Et son destin valant davantage que celui de ces peuples primaires, le film s’appliquera à montrer comment elle vivra un amour adultère, un veuvage, une dépression et une guerre; mais elle connaîtra la célébrité. Car tout cela finit par une… publication (que de retenue! Un best-seller aurait été plus à propos). Bref, sur ces Papous aux afros bien entretenus, on apprendra bien peu de chose sinon qu’un fond coloré est toujours plus récréatif dans le récit des tribulations de l’homme blanc.

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