Preuve de vie : Les orgueilleux
Preuve de vie , de TAYLOR HACKFORD, mettant en vedette MEG RYAN et RUSSELL CROWE, s’inspire d’un fait réel accrocheur, qu’il nous sert à la sauce Casablanca. Malgré ses paysages montagneux, un film qui, sans manquer d’action, manque de relief.
L’histoire de Preuve de vie est basée sur un article paru dans le Vanity Fair relatant les aventures des membres de la société K & R (Kidnap & Ransom), qui a developpé une expertise dans les négociations avec les terroristes de par le monde. Finie, la guerre froide, les anciens agents du FBI, d’Interpol, de la CIA et autres MI5 se sont recyclés en assureurs pour grosses compagnies qui font appel à leurs services quand un employé est enlevé par des fous de la gâchette. Une autre facette de la nouvelle économie.
L’idée n’est pas mauvaise. Mais elle n’était pas suffisante pour Hollywood qui y a collé la trame de Casablanca. Taylor Hackford (The Devil’s Advocate, Dolores Claiborne, An Officer and a Gentleman) a donc travaillé sur l’histoire d’un ingénieur idéaliste enlevé dans un pays d’Amérique latine par des énervés qui demandent quelques millions de rançon. Mais la compagnie qui emploie Peter Bowman (David Morse) est proche de la faillite. Heureusement pour lui, le spécialiste de K & R, Terry Thorne (Russell Crowe), veut quand même faire le boulot. Pour le goût du risque, mais aussi pour les beaux yeux de madame Bowman, Alice (Meg Ryan). Alors, pendant que le kidnappé souffre au milieu des montagnes avec des indigènes bourrés de coke, que ses cheveux s’allongent et que la crasse l’envahit, Meg Ryan change de tenue tous les jours (avec rouge à lèvres assorti), ce qui augmente la nervosité du flegmatique, mais néanmoins baraqué, expert. Tout juste sorti de sa jupette de gladiateur, Crowe campe une nouvelle race de héros, entre James Bond et Rambo. Aussi à l’aise dans les mondanités formelles que dans les buissons en tenue de camouflage, il porte son code d’honneur en bandoulière, ce qui fait que Meg pleure pas mal et qu’elle retourne, déchirée, vers son australopithèque en fin de parcours.
Outre quelques scènes remuantes et plutôt réussies durant l’assaut final, Preuve de vie s’étire sans ennui, mais sans grande intelligence. On fait du remplissage avec des blessures cachées, une belle-soeur omni-présente, et des copains de guérilla. Et l’on a imagé le désir grandissant des tourtereaux de façon très subtile. Très années 40, très Casablanca justement. À force de vouloir retenir les ardeurs (l’honneur, toujours l’honneur), quand la scène du baiser attendu arrive, elle étonne presque! On peut mettre certains déséquilibres sur le dos d’un scénario sans éclat, mais aussi sur le jeu décalé des comédiens. Le passage du léger au dramatique pour Meg Ryan est toujours aussi difficile. Quant à Crowe, il faut le canaliser, ce petit-là, pour qu’il soit à son meilleur…
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