Winter Sleepers : Le grand sommeil
Cinéma

Winter Sleepers : Le grand sommeil

Tom Tykwer revient dans nos salles. Il n’y a pas si longtemps, plusieurs avaient crié au génie allemand lors de la sortie de Run, Lola Run.

Tom Tykwer

revient dans nos salles. Il n’y a pas si longtemps, plusieurs avaient crié au génie allemand lors de la sortie de Run, Lola Run. Vous vous souvenez de Lola, la fille aux cheveux de feu qui courait à s’en éclater les poumons dans l’univers des possibles sans jamais trouver un dénouement heureux. Depuis, Lola a repris son souffle et le cinéaste a fait de même en nous servant, cette fois, une production qui n’a rien de haletant. D’ailleurs, Tykwer ne risquait pas de rester marqué par la vitesse, puisqu’il a sorti Winter Sleepers un an avant le sprint de son héroïne. Ainsi, par on ne sait quel cafouillage des distributeurs, le film de 1997 ne nous arrive que maintenant. À bien y penser, ce n’est pas une mauvaise chose puisqu’on a découvert le cinéaste d’abord sous un meilleur jour.

Avec un souci formel toujours aussi appuyé, Winter Sleepers tente le portrait en fragments de quatre jeunes gens qui pourraient, pour résumer leurs vaines agitations, arborer le slogan: "J’ai 30 ans et j’ai du mal à vivre." Sous la loupe pesante du cinéaste-psychologue défilent l’infirmière Rebecca (Floriane Daniel), qui ne promet d’aimer que si c’est compliqué, et sa collègue et colocataire Laura (Marie-Lou Sellem). À ces femelles se greffent deux mâles: Marco (Heino Ferch), prof de ski peu rassuré sur sa virilité, et René (Ulrich Mattes), projectionniste amnésique, dispensé de tout exercice de conscience.

Le jumelage se fait sur décor frigide dans un village enneigé. Et, pour justifier la croisée des destins, le hasard est carrément pris d’assaut par un scénario qui lui tord le bras et déboîte les genoux afin qu’il avoue les liens fortuits. Alors, contents d’avoir un interlocuteur bien calculé, les acteurs sombrent avec délice dans leur drame existentiel et débitent mécaniquement leurs répliques. Parallèlement à ces angoisses affectives, un fermier traumatisé s’acharne, dans une quête saugrenue, à retrouver la source d’une apparition digne d’X-Files (!).

À la pauvreté de l’intrigue s’ajoute une insistance formelle qui handicape plus qu’elle ne sert le propos. Dans une recherche esthétisante calquée sur le vidéoclip, des images léchées et saturées à n’en plus pouvoir affichent le mouvement constant d’une caméra qui tourbillonne sans raison. Tykwer faisait ses devoirs. Si Run, Lola Run avait le mérite de happer son spectateur, Winter Sleepers ne peut même pas se targuer d’être distrayant.

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