

Snatch : Soupe populaire
On ne sait pas si Tarantino et Kusturica peuvent assumer la paternité de tous les délires cinématographiques, mais il y a certains rejetons qui en profitent… Guy Ritchie, par exemple.
Juliette Ruer
On ne sait pas si Tarantino et Kusturica peuvent assumer la paternité de tous les délires cinématographiques, mais il y a certains rejetons qui en profitent… Guy Ritchie, par exemple. Après Lock, Stock and Two Smoking Barrels, l’époux de Madonna propose Snatch, le deuxième opus d’un genre qui a tout du patchwork et que l’on pourrait qualifier de cinéma de gangsters hip, mêlé de thriller comique. Le gars n’est pas bête: se servant du succès-surprise de son premier long métrage, il reprend les mêmes ingrédients, en plus chers, pour confectionner une recette similaire, mais un rien plus touffue, un rien plus hot, et chapeautée par un titre qui donne au spectateur l’impression d’être grossier en arrivant à la caisse…
Il faut reconnaître que Ritchie se copie bien. On retrouve son goût pour un montage épileptique, une violence gratuite, et des personnages de cartoons. Il semble que les bas-fonds – londoniens dans le cas présent – soient un réservoir inépuisable de tordus aux noms bizarres. Autour d’un diamant gros comme le Ritz, des petites frappes et des criminels aguerris se battent. Il y a le joueur invétéré déguisé en rabbin (Benicio Del Toro), l’Américain qui n’aime pas l’Angleterre (Dennis Farina), le méchant Russe qui ne veut pas mourir (Rade Serbedzija), le caïd qui donne des cadavres à bouffer à ses cochons (Alan Ford, une vraie gueule de tueur), le duo de losers genre Abbott et Costello (Jason Statham et Stephen Graham), le clan des gitans avec un boxeur surdoué à sa tête (Brad Pitt, au torse nu, merci, et à l’accent le plus inintelligible qui soit). Ajoutons à cela un Noir obèse, un chien qui fait couic-couic, une obsession pour les caravanes, et des corps découpés, traînés, frappés, ou transformés en chair à pâté.
Snatch est un amalgame de tous ces délires, une ratatouille dans laquelle on peut placer toutes les blagues de potaches, toutes les idées saugrenues, et toutes les situations les plus invraisemblables. Plus c’est dingue, mieux c’est. Mais c’est surtout faux, branché et sans colonne vertébrale: le film peut être marrant, mais il n’a aucune assise; il est l’excroissance boursouflée d’un ex-réalisateur de clips qui veut rester le plus cool possible. Trop de caricatures à la Dick Tracy, un twist incongru dans chaque scène, une couleur bohème à la Chat noir, chat blanc, une intrigue plus maigre que celle de Topkapi, un thriller qui part en eau de boudin, une musique assourdissante… Quand le barman fait n’importe quoi, certains mélanges deviennent indigestes. Et pour l’instant, qu’ils soient bons ou mauvais, les cocktails de Ritchie sont à la mode. Surfait.
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