Waydowntown : Sous vide
Cinéma

Waydowntown : Sous vide

À Calgary, on a construit un centre commercial gigantesque, afin de pouvoir rester au chaud, du lever au coucher; et cela en perturbe quelques-uns, dont le réalisateur originaire de Calgary, Gary Burns.

À Calgary, on a construit un centre commercial gigantesque, afin de pouvoir rester au chaud, du lever au coucher; et cela en perturbe quelques-uns, dont le réalisateur originaire de Calgary, Gary Burns. L’air vicié d’un métro, boulot, dodo sous vide lui a donné une bonne idée. Avec humour et cynisme, il a imaginé un pari stupide, entre quatre personnes: Tom (Fabrizio Filippo), Sandra (Marya Delver), Curt (Gordon Curry) et Randy (Tobias Godson) travaillent et vivent dans le mégacomplexe et ont décidé, histoire de pimenter leur train-train, de se lancer un défi: ne pas sortir à l’air libre durant un mois. Le film commence la dernière journée, et durant l’heure du lunch, les esprits s’échauffent. Tom se demande s’il n’est pas devenu un monstre d’insensibilité, surtout face à un collègue dépressif, Brad (Don McKellar); Sandra suffoque; Gordon a besoin de sexe et Randy s’inquiète de ses pertes de mémoire. Ils ne seront plus les mêmes, une fois le lunch terminé.

La prémisse est déjà vue (l’environnement envahissant, le trop-plein de modernité qui tue l’humain), et l’on reste dans la théorie des rats de laboratoire qui deviennent dingues dans leurs cages. Mais Burns, qui a déjà servi son humour à froid dans The Suburbanators et Kitchen Party, l’exploite ici avec ingéniosité. Tourné en vidéo et film, il donne à Waydowntown une couleur particulière: l’ambiance comateuse et un peu irréelle des lendemains de veille. Jeu de cache-cache à travers ces milliers de vitres (où, à force de clarté, on ne voit plus rien ni personne); rêve de délivrance où un Superman viendrait les sauver, image récurrente de suicidaire défenestré, et espoir de pouvoir décoller du sol et de sa crasse: face au réalisme pessimiste de l’idée, Burns se permet l’irréel avec animation, changement de couleurs et rêverie, par le biais d’une caméra brinquebalante, le tout englué de muzak et saucissonné par un montage speedé. On dirait les héros de In the Company of Men traqués dans l’univers de Tron. Ce cocktail-mode assez séduisant lui a valu le Prix du meilleur film canadien au dernier Festival de Toronto.

Si l’oeuvre prend un peu trop de temps à se mettre en place et si certains caractères secondaires sont trop loufoques pour être honnêtes, et, qu’en fin de compte, il ne se passe pas grand-chose, on garde de Waydowntown de très bons flashs, surprenants et comiques. Un humour fin… canadien.

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