Festival international du film sur l’art : Écran total
Fort d’une sélection de 36 films, le Festival international du film sur l’art aborde plusieurs formes artistiques, allant du cinéma à l’architecture, en passant par la musique, la littérature et les arts visuels. Pour un cinéma différent et total.
S’il est une chose que les mégacomplexes de cinéma ne pourront donner aux cinéphiles – et même à toute personne un tant soit peu curieuse -, c’est l’occasion de découvrir des facettes trop souvent méconnues du cinéma. Et qu’on se détrompe, ce que le Festival international du film sur l’art a concocté pour sa 19e édition est loin de donner dans l’hermétisme ou la prétention comme souvent les profanes peuvent se l’imaginer trop facilement.
Nouveauté majeure cette année: pour se donner une plus grande visibilité et pour atteindre son plein potentiel, l’édition québécoise du festival montréalais s’est associée au cinéma Le Clap, qui projettera 16 courts, moyens et longs métrages, et présentera la soirée palmarès du dimanche 25 mars. C’est le Musée du Québec qui hérite de la majorité des autres films (20 en tout), ainsi que de la soirée d’ouverture.
À tous seigneurs…
L’honneur d’ouvrir ce festival revient au photographe et réalisateur William Klein, qui compose avec son Messie une fascinante jonction entre photographie et cinéma, captant au rythme de la célèbre musique de Haendel une galerie de visages et de scènes où l’être humain se révèle sous bien des facettes. S’il sera souvent question de musique au cours du festival, c’est tout de même le cinéma qui occupe la place de choix dans cette programmation.
Trop souvent méconnus car évoluant essentiellement dans l’ombre, les réalisateurs auront droit ici à une douce revanche. Tout d’abord, Emir Kusturica de Gerald Fox présente un large portrait du réalisateur serbe qui a réussi un des rares doublés de la Palme d’or au Festival de Cannes, alors que Kusturica parle de ses obsessions pour les gitans, la musique et le cinéma.
Le réalisateur et documentariste français Chris Marker, dont le film La Jetée a fortement inspiré 12 Singes de Terry Gilliam, s’attarde quant à lui aux derniers jours d’un des plus grands cinéastes, le Russe Andrei Tarkovski, avec Une Journée d’Andrei Arsenevitch. Rappelons que Tarkovski est mort en exil à Paris en 1986, tout juste après avoir pu dicter ses dernières instructions pour le montage du Sacrifice.
Outre un autre documentaire sur l’immense réalisateur hollywoodien George Cukor (On Cukor de Robert Trachtenberg), le festival montre aussi l’autre face du cinéma, celle de l’animation. Changement de registre, donc, avec Chuck Jones: Extremes and in Between, de Margaret Selby sur le génial créateur de Bugs Bunny et du Road Runner, montrant l’influence qu’a eue le bonhomme sur des réalisateurs comme Steven Spielberg et John Lasseter (Histoire de jouets).
À l’opposé, le prometteur Quand Hitler rêvait de Mickey Mouse de Ulrich Stoll démontre que si les cartoons ont diverti des générations entières, ils pouvaient aussi servir à une toute autre fin comme l’avaient compris Hitler et son ministre de la propagande Joseph Goebbels…
Les liens étroits entre la littérature et le cinéma ayant toujours été évidents et riches, on pourra en avoir un autre exemple avec Anne Hébert de l’écrivain et réalisateur Jacques Godbout, hommage à la grande écrivaine québécoise. D’autres hommages à retenir mais dans d’autres domaines: Ravel et von Karajan (musique), Limon et Nijinski (danse) et l’intrigant Niemeyer (architecture).
En terminant, on remarquera dans le rayon "bizarreries" le docu-fiction Wisconsin Death Trip, où dans un indiscernable mélange de réalité et de fabulation, le réalisateur James Marsh évoque, à l’aide de photos d’époque, la vague de folie et de meurtres qui aurait frappé des immigrés est-européens dans cet état américain il y a une centaine d’années.
Ne reste plus qu’à faire ses choix!
Du 22 au 25 mars
Au Clap et au Musée du Québec
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