Liste d’attente : Tele-novellas

Le récent film du Cubain Juan Carlos Tabio autorisait toutes les attentes, lui qui avait coréalisé avec Tomas Gutierez Alea, le fort audacieux Fraise et Chocolat. Sauf que depuis, Alea a levé les pattes, et Tabio a décidé de poursuivre en solo, dévoilant ainsi, bien malgré lui, de sérieuses lacunes en réalisation et un goût regrettable pour la mise en scène convenue (pour ne pas dire cheap). Cela dit, on ne peut lui reprocher de manquer d’honnêteté dans cette fable dégoulinante de bons sentiments. Inspiré d’une nouvelle d’Arturo Arango, Liste d’attente se coince dans une unité de lieu (qui rend le jeu très théâtral), et mise sur l’action (et le temps) pour insuffler le dynamisme nécessaire.

Dans une gare côtière ayant dépassé le stade de la décrépitude, un petit échantillon cubain (un célibataire, une promise, un aveugle, deux gais, un jeune couple, un vieux couple, une mère, une grand-mère, une veuve…) s’agite dans l’attente d’un autocar fantôme. Ils chialent, ils couinent jusqu’à ce qu’un jeune volontaire (Vladimir Cruz, le révolutionnaire de Fraise et Chocolat) leur souffle l’idée de l’entraide. Ça ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. Aussitôt, ils se retroussent les manches, rebâtissent, repeignent et réparent dans la joie et l’allégresse. Le tout se veut à la fois comique et critique. Effectivement, c’est difficile de rater la symbolique. Par on ne sait quel cachet de désuétude, on a l’impression de se retrouver devant un épisode de Destinos, les scènes de baise en sus. Du discours au cadrage, tout semble périmé. Idéal pour pratiquer son espagnol.

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