Manila : Mal de l’air

La prémisse de Manila, de l’Allemand Romuald Karmakar, ressemble à s’y méprendre à celle de Liste d’attente, un piètre film cubain qui a récemment meublé nos écrans: attroupée dans une gare ou un aéroport, victime du fatal problème technique, une petite tribu aussi bigarrée que possible agit comme un échantillon d’une communauté; voire, pour les plus ambitieux, de la race humaine. Cette fois, les esprits s’échauffent dans l’aéroport de Manille aux Philippines où, par leur nombre, les Allemands semblent bien être les seuls à faire rouler l’industrie du tourisme.

À force de caricature, le film allemand et le film cubain finissent par s’entendre sur les caractères types des badauds qui emplissent les aires d’attente. D’abord l’éternel couple frustré ruminant une rancune immonde que la rencontre avec un autre couple (un Allemand vieillissant et une jeune exotique) ne fera qu’exacerber. Sur les sièges voisins, deux soldats regorgent de récits de voyages et se racontent à une jolie célibataire qui finira par céder à leur charme. Enfin, collé aux toilettes, un fabulateur accoste les passants et leur débite ses exploits sexuels dans les bordels philippins.

Le récit évolue en papillonnant d’un personnage à l’autre et en forçant les confessions. La confiance qui semble couler de source est cependant peu crédible, ce qui rend le jeu forcé et les anecdotes sans intérêt. L’hémorragie de solidarité surviendra lors de la scène finale, lorsque tout ce beau monde se liera et formera une chorale (!) sous l’oeil inquisiteur du représentant des lignes aériennes. Folklorique.

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