Les films du FFM : Morceaux choisis
Cinéma

Les films du FFM : Morceaux choisis

Présélection émotive et pensée, guidée par les envies, les déjà-vu, et les attentes: voici quelques films qui, toutes sections confondues, feront parler d’eux durant cette 25e édition du Festival des Films du Monde.

L’Ange de goudron

Quatre ans après le choc de Clandestins, Denis Chouinard revient au Festival des Films du Monde par la grande porte, avec L’Ange de goudron, film d’ouverture, présenté en compétition. L’immigration est encore au coeur de l’intrigue, mais cette fois-ci, le cinéaste décrit l’affrontement entre un fils et son père, sur fond de conflit de générations et de peinture sociale.
Après trois ans d’attente, la famille d’Ahmed Kasmi (Zinedine Soualem) va enfin obtenir la citoyenneté canadienne. À quelques semaines de la cérémonie, le fils aîné (Raba Aït Ouyahia) disparaît, et le père apprend qu’il fait partie d’un groupe d’activistes. Ébranlé, il part à sa recherche, aidé de la blonde de celui-ci (Catherine Trudeau), quête qui le mènera dans le Nord du Québec, et qui le forcera à reconsidérer ses liens avec sa famille et son pays d’adoption.
Si l’on se fie à la bande-annonce, vue en salle, Denis Chouinard est resté fidèle au ton de son premier long métrage avec cette histoire sociale à visage humain, intense et nerveuse, portée par des comédiens très justes. En salle le 7 septembre. (É. F.)

Crème glacée, chocolat et autres consolations
Trois amis dans la vingtaine, deux filles (Isabelle Brouillette et Jacynthe René) et un garçon (Danny Gilmore), se retrouvent à la croisée des chemins, dans ce cas entre l’adolescence et l’âge adulte, à l’heure des premiers choix importants. Écrit et réalisé par Julie Hivon, ce premier long métrage s’annonce comme "un tendre récit sur l’amitié, l’amour et l’idée qu’on s’en fait trop souvent"… On pourrait y voir une formule un peu banale, si ce n’était de la faculté de la cinéaste de saisir le temps qui passe, et de la précision de son regard sur les détails. Un talent déjà évident dans ses deux courts métrages, Baiser d’enfant et Dans le parc avec toi, ainsi que dans son premier roman, Ce qu’il en reste. Avec Dorothée Berryman, France Castel et Serge Thériault. (É. F.)

Mariages
À la fin du XIXe siècle, dans la petite bourgeoisie rurale québécoise, une jeune femme (Marie-Ève Bertrand) se libérera peu à peu des carcans de l’ère post-victorienne, et assumera son destin et ses passions.

Compte tenue des coûts, le cinéma québécois s’attaque rarement au film d’époque. C’était compter sans la détermination de femmes comme Catherine Martin (Les Dames du 9e), scénariste et réalisatrice, et Lorraine Dufour, productrice et monteuse. Avec cette "fable aux accents oniriques et métaphoriques", la cinéaste a voulu, par le biais de la fiction, rendre sa dignité à une femme de sa famille, victime d’un destin tragique. Une bien belle idée… Avec Guylaine Tremblay, Hélène Loiselle, Markita Boies et David Boutin. (É. F.)

Comment j’ai tué mon père
Derrière ce titre freudien se cache une histoire qui a la banalité des tragédies intimes. Après avoir quitté sa famille il y a longtemps, un homme (Michel Bouquet) revient chez son fils (Charles Berling). Après Nettoyage à sec, Anne Fontaine aborde encore le thème de l’étranger qui vient renverser l’ordre établi; mais, cette fois-ci, le danger vient de l’intérieur…

Les films d’Anne Fontaine sont comme des morceaux de glace, froids en apparence, brûlants si on y pose la langue. Avec une mise en scène au couteau, la cinéaste mêle tragédie grecque et psychanalyse, cérébralité et passion, étude de caractères et morale éloignée de toute sentimentalité. C’est une fabuleuse directrice d’acteurs, et le plaisir de revoir Michel Bouquet suffit à mettre l’eau à la bouche. (É. F.)

Le Tunnel
De 1961 à 1989, un mur de quatre mètres de haut, long de 166 kilomètres, saigna Berlin, devenant l’emblème de la guerre froide. Une fois passé à l’Ouest, un champion de natation est-allemand creusa, avec l’aide de trois amis, un tunnel de 145 mètres, à sept mètres de profondeur, afin que sa soeur s’évade. L’aventure dura neuf mois, et 29 personnes empruntèrent ce "tunnel vers la liberté".

Ça fait beaucoup de chiffres, mais Dieu sait qu’ils étaient primordiaux à cette époque où primaient la dictature bureaucratique et la logique de parti. Cet automne, Historia diffusera un incroyable documentaire sur l’évasion de 1961, opération financée, dans le plus grand secret, par NBC, au coût de 15 000 $, en échange d’images en direct. Comme quoi les reality shows ne datent pas d’aujourd’hui… Der Tunnel, une fiction signée Roland Suso Richter, est présenté en compétition. (É. F.)

Intimité
Une fois par semaine, un homme (Mark Rylance) et une femme (Kerry Fox) se rencontrent, dans un appartement délabré, pour y faire l’amour; pas un mot, pas un sentiment, sinon le désir du sexe pur. Ils seront, bien sûr, rattrapés par la vie, un peu plus complexe que ça…

Avec ce Dernier Tango à Londres, le cinéaste renoue avec l’urgence de son premier film, L’Homme blessé. Tiré de deux nouvelles de Hanif Kureishi (My Beautiful Launderette), et coproduit par Arte, Intimité est le premier film en anglais de Patrice Chéreau. Gagnante de l’Ours d’or au Festival de Berlin, cette histoire de sexe et de mort est bien dans la lignée du réalisateur de La Reine Margot et de Ceux qui m’aiment prendront le train. Intense. (É. F.)

Bully
Deux ados d’une petite ville tuent le temps en se droguant, et en racolant des gais, pour leur vendre de la porno. La vie des deux amis se complique lorsqu’ils rencontrent deux filles, et que des jeux dangereux de pouvoir et de séduction se jouent au sein du quatuor.

Photographe réputé, venu assez tard à la réalisation, Larry Clark avait provoqué et séduit, en 1995, avec Kids, chronique sans fard de la vie des adolescents urbains. Bully semble être dans la même veine, regard sans complaisance sur le no future de la jeune génération de l’Amérique profonde. Avec Brad Renfro, Rachel Miner, Bijou Philips et Nick Stahl. (É. F.)

Little Senegal
Après avoir été conservateur du Musée de l’esclavage de Dakar, un Sénégalais débarque chez son neveu, dans l’Ouest de Harlem. Le vieil Africain découvrira, peu à peu, la vie des descendants de ses ancêtres dans le Nouveau Monde, deux siècles après que ces derniers eurent été vendus comme esclaves.

Salué par la critique française, et plébiscité par le public, le cinquième long métrage de Rachid Bouchared (Cheb, Poussières de vie) offre un regard original sur les liens entre les Noirs d’Amérique du Nord et leurs racines africaines. Avec Sotigui Kouyate, Sharon Hope et Roschdy Zem. (É. F.)

Eden
Avec près de 40 réalisations en 25 ans, Amos Gitaï est en voie de devenir un véritable Fassbinder du XXIe siècle. Plus connu, en l’Occident, depuis Kadosh et Kippur, le cinéaste a adapté Plain Girl, une pièce d’Arthur Miller dans laquelle une Américaine de 25 ans émigre avec son mari en Palestine, en 1939. Dans ce nouveau monde, et à travers sa relation avec cinq hommes – son mari, son père, son frère, son amant et un bohémien -, la jeune femme juive trouvera une identité nouvelle. Avec Samantha Morton, Danny Huston et Daphna Kastner. (É. F.)

Une jeune fille à la fenêtre
Après s’être fait remarquer par plusieurs vidéos, et quelques courts métrages, Francis Leclerc se lance dans le film d’époque, avec l’histoire d’une jeune fille (Fanny Mallette) débarquant, en 1925, à Montréal, et qui, malgré une malformation cardiaque, déploiera ses ailes, par le biais de la musique, dans une métropole baignée de jazz. À quoi s’attendre avec cette histoire qui retrace le parcours libérateur d’une jeune femme (ça devient une tendance dans la programmation du 25e FFM)? Traitement sage ou éclaté? Difficile à dire. Toujours est-il que la sensibilité du jeune réalisateur, la présence trop rare, au grand écran, de Johanne Marie-Tremblay, et celle, encore plus rare, de Diane Dufresne suffisent à éveiller l’intérêt. (É. F.)

Betty Fisher et autres histoires
Deux jeunes mères (Sandrine Kiberlain et Mathilde Seigner), l’une écrivaine, l’autre serveuse, voient leurs destins mêlés lorsque le petit garçon de l’une d’elles disparaît. Ajoutez à ça le retour, après des années d’absence, de la mère de l’écrivain (Nicole Garcia), dans un état mental lamentable, et vous avez un thriller à la sauce Claude Miller.

Après La Chambre des magiciennes, film radicalement différent de ce que Miller avait fait auparavant, le réalisateur de L’Effrontée a-t-il poursuivi dans la même veine, ou bien est-il revenu au classicisme de Garde à vue? C’est ce que nous saurons bientôt. À noter que Luck Mervil et Yves Jacques font partie de la distribution. (É. F.)

Super-8 Stories
Découvert sur la trame sonore de Chat noir, Chat blanc, No Smoking a enflammé, lors du dernier Festival des Films du Monde, l’Esplanade de la Place des Arts, avec son mélange explosif de jazz et de musique tzigane. Fondé il y a 20 ans à Sarajevo, No Smoking compte depuis 1986 parmi ses membres, Emir Kusturica, cinéaste flamboyant qui, avec six films en 20 ans (Le Temps des gitans, Arizona Dream, Underground), a imposé un style lyrique et musclé. Avec Super-8 Stories, il signe son premier documentaire, dans lequel il retrace "l’univers sauvage, délirant et dramatique des Balkans", par le biais de la musique. Un genre de Latcho Drom yougoslave? (É. F.)

Le Côté obscur du coeur 2
Grand Prix des Amériques en 1992, Le Côté obscur du coeur avait fait découvrir Eliseo Subiela aux cinéphiles montréalais. Dix ans plus tard, le cinéaste argentin fait revivre le poète qui veut "voler" avec une femme, et l’ancienne prostituée, qui vit maintenant à Barcelone avec sa fille de 20 ans. Les retrouvailles ne seront pas à la hauteur, et le poète poursuivra sa quête avec, entre autres, une femme qui "s’électrise" quand on l’embrasse, et une autre, funambule dans un cirque. Chouchou du FFM, avec trois films primés en 11 ans, Subiela parviendra-t-il à séduire le jury, avec son réalisme magique? (É. F.)

Sa mère, la pute
Comédienne (Olivier, Olivier) et réalisatrice (Outremer, Post coïtum, animal triste), Brigitte Roüan a toujours aimé se colleter avec des sujets forts. Après les rivalités familiales et le chagrin d’amour, elle s’engage, devant et derrière la caméra, dans l’histoire d’une femme qui se lance sur les traces de sa fille, apparemment sage, et morte, apparemment, d’une overdose. Drogue et prostitution: la mère se découvrira, tout en mettant au jour le passé secret de sa fille. Vu la justesse des deux films précédents de Roüan, on peut s’attendre à une descente aux enfers plus sobre que ce que laisse supposer ce titre racoleur. (É. F.)

Mortel Transfert
IP5, le dernier film de Jean-Jacques Beinex, remonte à 1992, une véritable traversée du désert pour celui qu’on rendit responsable de l’esthétisme des années 80, avec Diva et 37,2 le matin. Avec Mortel Transfert, le cinéaste retrouve Jean-Hugues Anglade dans le rôle d’un psychanalyste qui sombre dans les rets d’une de ses clientes (Hélène de Fougerolles), kleptomane, belle et très riche. Malgré un échec relatif en salle, les échos semblent indiquer que cette histoire de femme fatale a tout d’un solide film noir. Avec Robert Hirsch, Catherine Mouchet et Denis Podalydès.

À ma soeur
Bien avant d’être celle par qui le scandale arrive, avec Romance, Catherine Breillat fut scénariste (La Peau, Et vogue le navire, Police,), et réalisa, en 1990, Sale comme un ange, superbe analyse du désir. Avec À ma soeur, elle explore encore la sexualité des femmes, cette fois-ci, celle de deux soeurs adolescentes l’aînée, belle et amoureuse (Roxane Mesquida), et la cadette, boulotte et observatrice (Anaïs Reboux). Proches du cinéma d’Anne Fontaine et de Christine Pascal (pour qui elle scénarisa le méconnu Zanzibar), les films de Breillat dérangent vraiment, loin de tout scandale médiatique. Gageons que celui-ci sera dans la même veine. À noter la présence d’Arsinée Khanjian, de Romain Goupil, et de Laura Betti. (É. F.)

Concorrenza Sleale
Sous le titre anglais Unfair Competition, Ettore Scola raconte l’amitié de deux hommes, l’un catholique (Diego Abantantuono), l’autre juif (Sergio Castellitto), dans l’Italie fasciste de 1938. Pour cette histoire assez classique, on peut s’attendre à l’élégance et à l’humanisme d’un cinéaste qui, après ses succès des années 70 (Nous nous sommes tant aimés, Affreux, sales et méchants, Une journée particulière), s’est quelque peu adouci (Le Bal, Le Dîner). Gérard Depardieu, Jean-Claude Brialy et Claude Rich font des apparitions. (É. F.)

Francesca e Nunziata
Présenté en première mondiale, Francesca e Nunziata suit les tribulations familiales, financières et amoureuses d’une grande famille ayant fait fortune dans les pâtes, dans le Sud de l’Italie, à la fin du XIXe siècle. Cette fresque historique signale le retour attendu de Lina Wertmuller, qui a toujours tourné, mais dont les films n’arrivent plus que rarement sur nos écrans. Elle retrouve ici Giancarlo Giannini, avec qui elle a connu, dans les années 70, ses trois plus grands succès (Mimi Métallo…, Un film d’amour et d’anarchie, Vers un destin insolite…), et donne à Sophia Loren, à qui le Festival rend hommage, un vrai premier rôle. (É. F.)

Things Behind the Sun
Cinéaste méconnue, Allison Anders a réalisé les excellents Gas Food Lodging et Mi Vida Loca. Après Grace of My Heart, très librement inspiré de la vie de Carole King, elle replonge dans le milieu de la musique, mais cette fois-ci, celui de la pop actuelle, avec la rencontre d’un journaliste rock et d’une chanteuse, qu’un secret commun va souder à tout jamais. Kim Dickens, Gabriel Mann, Don Cheadle, Eric Stoltz, Elisabeth Peña, Rosanna Arquette et Patsy Kensit se partagent l’affiche. À surveiller. (É. F.)

Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain
Rarement un film a-t-il soulevé un tel engouement: six millions de Français l’avaient vu dans les sept premières semaines d’exploitation; Chirac a demandé une séance privée à l’Élysée; la critique en a fait son débat incontournable; et toutes les filles se prennent pour Amélie: Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain est-il devenu synonyme de l’âme française? C’est la consécration pour Jean-Pierre Jeunet, séparé de Caro, qui, après Délicatessen, Alien et La Cité des enfants perdus, se paye un succès grandiose. Un raz-de-marée qui tient dans les yeux d’Amélie, adorable Audrey Tautou, qui, dans un Paris très Prévert, cherche à rendre les gens heureux. Même si elle s’oublie un peu… Un film délicieux qui remet la fantaisie à l’honneur, présenté en clôture du FFM et en salle dès le 7 septembre. Avec Matthieu Kassovitz, Rufus et Jamel Debbouze. (J. R.)

La Répétition
Catherine Corsini avait bien sondé l’air du temps, surtout celui respiré par les femmes, avec La Nouvelle Ève, en 1999, où Karin Viard avait un peu de Shirley McLaine dans le geste. Nettement moins légère, et même parfois poussive, cette Répétition, présentée en compétition officielle au Festival de Cannes, où Emmanuelle Béart et Pascale Bussières se partagent la vedette. Une histoire sombre de deux amies séparées qui se retrouvent: l’une est une actrice qui monte, et l’autre, fascinée, la vampirise. Si elle commence bien, cette passion mal assouvie, avec le danger qui plane, ne tient pas toute la route; et ce polar psychologique n’est pas aussi solide qu’on l’aurait désiré. (J. R.)

De l’eau tiède sous un pont rouge
La vieillesse sied à merveille à Shohei Imamura; ses derniers films, La Ballade de Narayama, Zegen, Pluie noire, L’Anguille et Kanzo Senseï, se sont tous retrouvés à Cannes et offrent toute l’étendue de son talent. En adaptant un roman de Yo Henmi, Imamura se permet une fantaisie délicieuse, à la philosophie sage, mais aux comportements absurdes et hilarants, avec des acteurs qu’il connaît bien. Yosuke (Yakusho Koji) se retrouve séparé et au chômage. Un vagabond de Tokyo lui dit d’aller chercher l’or caché dans un bouddha dans une maison située au bord de la mer du Japon, près d’un pont rouge. Il ne trouve pas l’or, mais Saeko (Shimizu Misa), une femme qui perd de l’eau dès qu’elle fait l’amour! Avec des pêcheurs placides, une vieille muette et un coureur marathonien africain… À voir. (J. R.)

Rain
Ce film de Nouvelle-Zélande, réalisé par Christine Jeffs, est ce qu’on nomme un coming of age movie: un passage de l’adolescence au monde adulte saisi dans la douleur par une jeune fille, Janey (Alicia Fulford-Wierzbicki), qui, le temps d’un été, prend conscience de l’échec du mariage de ses parents. La mère, séduite par un photographe, et la fille, qui découvre le pouvoir de la sexualité, explorent des terrains inconnus; tandis que le père et le fils restent à la traîne. Ce film simple, qui parle du transitoire sans grandiloquence mais avec justesse, est un premier long métrage honnête. (J. R.)

Éloge de l’amour
Jean-Luc Godard, le retour. Il y a le présent en noir et blanc dans Paris, et le passé en couleur en Bretagne; il y a la tentative de définir le stade adulte, de segmenter les étapes d’un amour, de s’interroger sur le poids de l’histoire et, en passant, de donner une claque aux Américains. Le cinéma n’est jamais simple avec Godard, et L’Éloge de l’amour est un voyage dans lequel on embarque sans bagages. Une oeuvre de philosophe qu’on aimerait retenir. Une réflexion touffue d’un penseur qui n’en finit plus de dire son dernier mot: à voir. (J. R.)

Martha… Martha
En ouverture de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes cette année, le dernier film de Sandrine Veysset reprend le ton terrien d’Y aura-t-il de la neige à Noël?. Pas facile, ce Martha… Martha, si sombre qu’il frise l’étrange, mais magnifiquement joué et dirigé. Martha (Valérie Donzelli) vit avec Reymond (Yann Goven) et leur fille Lise (Lucie Régnier), trois naufragés qui s’accrochent à leur cellule. Mais les démons de Martha – qui remontent de l’enfance, où plane la figure de la mère – cassent l’équilibre. Un film de folie, qui nous sort de la torpeur, mais qui nous laisse souvent désemparés, perdus et sans beaucoup d’indications… (J. R.)

What Time Is It There?
Que nous apporte la mort? À cette question, le jeune réalisateur taïwanais Tsai Ming-Liang (La Rivière, The Hole) répond de façon si personnelle, si inventive et si superbe que ce film fut une bouffée d’air dans la compétition officielle à Cannes. Un jeune vendeur de montres de Taipei étouffe chez lui depuis la mort de son père et l’acharnement de sa mère à entrer en contact avec l’esprit paternel. Parce qu’une jeune femme lui achète une montre pour partir en France, le garçon devient obsédé par le temps qui passe: il bouscule les horloges de Taipei, s’accorde à l’horaire de Paris, et regarde Les 400 Coups. Tandis qu’à Paris, la jeune femme aussi cherche un sens au temps. Un film splendide. Avec Jean-Pierre Léaud. (J. R.)