O : Sexe, drogue et basket-ball
Cinéma

O : Sexe, drogue et basket-ball

Puisqu’on ne sait plus quoi faire pour intéresser les jeunes à la grande littérature, alors on fait… n’importe quoi, du moment qu’on arrive à capter leur attention avec un rap bien soutenu et un terrain de basket-ball animé. Difficile à savoir si les décideurs ont agi par cynisme ou par souci de vulgarisation, mais transposer l’Othello de Shakespeare dans une école secondaire de la Caroline du Sud, relève presque de l’insulte.

Puisqu’on ne sait plus quoi faire pour intéresser les jeunes à la grande littératures alors on fait… n’importe quoi, du moment qu’on arrive à capter leur attention avec un rap bien soutenu et un terrain de basket-ball animé. Difficile à savoir si les décideurs ont agi par cynisme ou par souci de vulgarisation, mais transposer l’Othello de Shakespeare dans une école secondaire de la Caroline du Sud relève presque de l’insulte. Toujours est-il qu’un jour, l’idée frappa le scénariste Brad Kaaya qui, ayant personnellement vécu dans sa jeunesse quelques tiraillements motivés par la jalousie, y vit un sujet universel digne des plus grands auteurs. Il communiqua alors son illumination à l’acteur et réalisateur Tim Blake Nelson (vu dans O, Brother Where Art Thou?). Mine de rien, la bêtise est contagieuse.

Odin James (alias "Othello sous tutelle" tenu par Mehki Phifer) est l’unique Afro-Américain de son collège bourgeois. Fidèle aux attentes, genre clichés, il traîne un lourd passé, semble complètement bouché dans une salle de cours, mais exhibe un talent pas ordinaire sur les terrains quadrillés. C’est la star du basket-ball. Il jongle avec son ballon comme un petit phoque enjoué, ce qui ne va pas sans créer des jalousies. À défaut d’envier son prestige de grand guerrier, Hugo (alias Iago, tenu par Josh Hartnett) en pince pour son agilité de dribleur. Se souvenant que 400 ans plus tôt, quelqu’un avait décrit les mêmes sentiments, Hugo calque donc ses manoeuvres sur celles narrées dans Othello: il dénonce la liaison secrète d’Odin avec l’immaculée Desi (alias Desdémone, rôle tenu par Julia Stiles), convainc un pauvre bougre (alias Cassio, Andrew Keegan) de passer par Desi s’il veut racheter l’estime qu’Odin avait pour lui, et fait ainsi croire à la machination adultère.

Le tout se termine par un bain de sang tragique qui, pour cette chronique adolescente ponctuée de pompom girls, de collégiennes en chaleur et de sniffées de coke, semble plutôt incongru. Et voilà le réalisateur qui se vante d’avoir osé d’un seul et même coup une référence aux fusillades dans les écoles secondaires, une mention des tensions raciales, quelques scènes de luxure bien senties, un clin d’oeil au suicide chez les jeunes ainsi qu’une évocation des douloureux rapports parents-adolescents. En effet, que vouloir de plus…

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