Vague américaine
Pas beaucoup de nouveaux visages à l’horizon de la bannière étoilée; quelques gros pavés qui veulent s’assurer d’une place aux Oscars et des surprises à déterrer. Commençons donc par l’action, où l’on sort toute la panoplie: dans la section policier, Robert De Niro est un bon flic, mais son fils (James Franco) est un assassin, dans City by the Sea, de Michael Caton-Jones (The Jackal, Rob Roy et Memphis Belle).
Pas beaucoup de nouveaux visages à l’horizon de la bannière étoilée; quelques gros pavés qui veulent s’assurer d’une place aux Oscars et des surprises à déterrer. Commençons donc par l’action, où l’on sort toute la panoplie: dans la section policier, Robert De Niro est un bon flic, mais son fils (James Franco) est un assassin, dans City by the Sea, de Michael Caton-Jones (The Jackal, Rob Roy et Memphis Belle). Une fois n’est pas coutume, Denzel Washington joue un flic ripoux pour Training Day, d’Antoine Fuqua (Bait), avec Ethan Hawke, en second violon plus sérieux que son maître. Denzel Washington fait aussi dans la prise d’otage, puisqu’il est John Q, de Nick Cassavetes (She’s so Lovely), un père qui fait le siège de l’urgence d’un hôpital, jusqu’à ce que les docteurs opèrent son fils. Avec Ray Liotta, Robert Duvall, et Anne Heche. Section terrorisme lourd: Collateral Damage, d’Andrew Davis, nous balance Arnold Schwarzenegger qui tient à venger sa famille, tuée par des terroristes colombiens. Spy Game, de Tony Scott (Enemy of the State), avec Robert Redford et Brad Pitt, le maître et son protégé, nous renvoie aux problèmes du renseignement post-guerre froide; et, accrochons nos bérets, Windtalkers est signé John Woo, avec Nicholas Cage en soldat qui doit retransmettre des messages codés, durant la Seconde Guerre mondiale. Action rebondissante: The One, de James Wong, n’est rien de moins que Jet Li qui doit voler un peu partout.
Les bizarreries n’arrivent jamais seules: on a droit à deux Alexandre Dumas pour la même saison! The Musketeer, de Peter Hyams (End of Days), ressemblerait à du Sergio Leone couplé à The Matrix, avec Tim Roth, Catherine Deneuve, Stephen Rea, Justin Chambers et Mena Suvari. Certainement plus romantique sera une nouvelle adaptation de The Count of Monte Cristo, par Kevin Reynolds (Robin des Bois avec Kevin Costner…) avec Guy Pearce dans le rôle du traître et Jim Caviezel, dans celui du conte. Action refroidissante enfin, on est curieux de voir ce que réserve From Hell, des frères Hughes (American Pimp, Dead Presidents, Menace II Society), avec Johnny Depp et Heather Graham: à Londres, au tournant du siècle dernier, un détective qui a du flair se met sur la piste très sanguinolente de Jack l’Éventreur. À croire que le personnage de Sleepy Hollow suit M. Depp comme son ombre…
Dans les drames, on aime les biscornus, mais on prendra aussi les autres. David Lynch, le roi de l’étrange, a été encore une fois récompensé à Cannes, par le Prix de la mise en scène, pour son film Mulholland Drive. L’aventure hollywoodienne d’une aspirante actrice tourne à l’horreur. Pris au pied de la lettre, c’est du n’importe quoi joliment emballé; comparé à une allégorie malsaine de TinselTown, c’est plutôt réussi.
Assez dingue, Storytelling, de Todd Solondz, risque de faire bonne figure. L’auteur de Happiness coupe une histoire en deux pour parler de sexe, de célébrité, d’exploitation et de problèmes raciaux dans le cadre universitaire. Plus drôle, mais moins costaud que Happiness, Storytelling a déjà maille à partir avec la censure américaine. Avec Selma Blair et John Goodman. Étrange également que ce Simone, d’Andrew Niccol (producteur de The Truman Show et réalisateur de Gattaca), où Al Pacino joue un producteur de film qui remplace sa star par une création digitalisée. Avec Catherine Keener. Dans Bully, Larry Clark (Kids) va faire peur; en effet, il reprend le phénomène d’ultra violence chez les jeunes, d’après un fait divers: celui de jeunes éliminant froidement le "boulet" du groupe. Dans un thriller qui, sur papier, ressemble à un croisement entre The Talented M. Ripley et Memento, Matt Damon ne se souvient plus de rien, mais on lui a tiré dessus. D’après un roman de Robert Kludlum, Doug Liman (les excellents Swingers et Go) réalise The Bourne Identity. Avec Franka Potente (Cours, Lola, cours) et Clive Owen.
In the Bedroom, de Todd Field a permis à Sissy Spacek et Tom Wilkinson de remporter des prix à Sundance. Les deux comédiens sont les parents d’un fils unique qui a une relation avec une femme plus âgée que lui (Marisa Tomei): petit voyage sans parachute au pays de la moralité. À voir. Histoire étonnante que celle du Prix Nobel d’économie, le génie John Forbes Nash, qui a eu un léger retour en enfance dans A Beautiful Mind, de Ron Howard. À Russel Crowe de passer la rampe en mathématicien.
On ne ratera pas non plus le dernier film de Cameron Crowe (Almost Famous), qui retrouve Tom Cruise après Jerry Maguire, et le plonge dans la peau d’un play-boy sur le chemin de la rédemption avec Vanilla Sky. Avec Penelope Cruz en consolatrice. On présente le film comme l’iconographie culturelle des 25 dernières années! Pour une image marquante, en voici une, celle d’Ali, de Michael Mann (The Insider, Heat), avec Will Smith dans le rôle de Muhammad le boxeur. Smith a pris 35 livres de muscles, mais a-t-il gagné son premier rôle d’importance? M. Hollywood, Michael Douglas, acteur et coproducteur de Don’t Say a Word, de Gary Fleder, incarne un psy qui veut récupérer sa fille kidnappée. Thriller bizarre, K-Pax, de Iain Softley (The Wings of Dove), met en scène un drôle de type (Kevin Spacey) qui se déclare extraterrestre et qui est pris au sérieux par un docteur (Jeff Bridges).
Autrement plus intéressant, un petit drame ordinaire qui peut déboucher sur du meilleur Kevin Spacey: The Shipping News, de Lasse Hallström (What’s eating Gilbert Grape et Chocolat) raconte l’histoire, tirée du prix Pulitzer d’Annie Proulx, d’un journaliste qui après un événement traumatisant, retourne vivre sa vie dans son village du Newfoundland. Avec Spacey, Julianne Moore et Cate Blanchett. On retrouve d’ailleurs Cate Blanchett dans la distribution de The Man Who Cried, de la réalisatrice Sally Potter (La Leçon de tango et Orlando): une histoire comme on n’en fait plus, celle d’une jeune refugiée (Christina Ricci) qui, de la Russie à l’Amérique, à la recherche de son père, craque pour Johnny Depp en cavalier gitan! Avec John Turturro et Harry Dean Stanton. Par contre, une histoire comme on en fait tout le temps et celle-ci est vraie: Drew Barrymore, ex-mauvaise fille, puis jeune mère célibataire, survit grâce à l’amour, dans Riding in Cars with Boys, de Penny Marshall (Big). Avec Steve Zahn, James Woods, et Lorraine Bracco.
Est-ce parce que les comiques américains avaient peur de se retrouver au chômage que la déferlante est si massive; ou l’été a-t-il été si sinistre au cinéma? Toujours est-il qu’un grand nombre de comédies arrivent bientôt dans un cinéma prés de chez nous. On en a pour tous les goûts. Novocaine, de David Atkins, fait dans l’humour noir quand un dentiste méticuleux est pris dans une histoire de meurtre. avec Steve Martin, Helena Bonham Carter et Laura Dern. Côté carte du tendre, après le flop d’America’s Sweethearts, tous les espoirs sont permis pour la romance new-yorkaise entre John Cusack et Kate Beckinsale; sauf que Serendipity ressemble vraiment à Sleepless at Seattle. Il faudra alors voir plus large, dans un chassé croisé amoureux gai, lesbien et bisexuel avec All over the Guy, de Julie Davis. Avec Dan Bucatinsky et Richard Ruccolo.
Après, on tombe rapidement dans le gras: Tim Allen et Jim Belushi, avec Joe Somebody. Même impression de lassitude envers les facéties mafieuses de Chris Katan (Gorky Romano) et les débilités d’Adam Sandler (8 Crazy Night). Mieux vaut passer sous silence une histoire de baseball social avec Keanu Reeves (Hardball) ou de camionneurs amoureux avec Billy Bob Thornton (Waking up in Reno). Mais c’est à se demander si Zoolander, de et avec Ben Stiller, ne pourrait pas nous dérider en mannequin qui doit stopper un néfaste gourou de la mode… Par contre, on s’attend à du sérieux délire de la part de Wes Anderson (Rushmore), avec The Royal Tenenbaums, où Angelica Huston est une archéologue, matriarche d’une famille bien dysfonctionnelle après le départ du père, Gene Hackman. Avec Gwyneth Paltrow, Ben Stiller et Luke Wilson. Une autre production des frères Farrelly semble inévitable: Shallow Hal raconte l’histoire d’un gars (Jack Black), qui tombe amoureux d’une jeune fille enrobée (Gwyneth Paltrow avec un costume de grosse); mais lui, et seulement lui, la voit mince (Gwyneth Paltrow normale, anorexique). Viendra ensuite Black Knight, avec Martin Lawrence. Après A Knight’s Tale, combien de films de chevaliers qui parlent comme des types de South Central L.A. devrons-nous supporter?
Coin des tout-petits: Monsters Inc., de Pete Docter, le nouveau dessin 3D de Pixar, créateur de Toy Story. Deux monstres qui deviennent parents adoptifs d’une petite fille. On présente Jimmy Neutron: Boy Genius, autre dessin animé avec un chien robot et des gadgets très cool. Et enfin, Noël apportera son cadeau tant attendu: Harry Potter and the Sorcerer’s Stone, de Chris Columbus (Home Alone, Mrs. Doubtfire), avec Daniel Radcliffe, Richard Harris et Alan Rickman.