Bad Girl : Super nanas
Ce n’est pas dans votre sofa, mais dans une salle de cinéma que vous pourrez enfin voir Bad Girl en version intégrale. Souvenez-vous: le documentaire de Marielle Nitowslaska a fait couler de l’encre en mars dernier, parce que Télé-Québec – partenaire de l’aventure depuis le début – a refusé, à la dernière minute, de diffuser ce film sur la porno.
Ce n’est pas dans votre sofa, mais dans une salle de cinéma que vous pourrez enfin voir Bad Girl en version intégrale. Souvenez-vous: le documentaire de Marielle Nitowslaska a fait couler de l’encre en mars dernier, parce que Télé-Québec – partenaire de l’aventure depuis le début – a refusé, à la dernière minute, de diffuser ce film sur la porno. Tout d’un coup, certaines scènes ne passaient plus, même devant des adultes consentants. Tant mieux pour nous, le sexe se voit mieux sur grand écran.
Partant du livre Interdit aux femmes: Le Féminisme et la Censure de la pornographie, des journalistes Pascale Navarro et Nathalie Collard, Nitowslaska a fait un tour de piste de l’industrie du porno prise en main par les femmes. Du Danemark, chez Zentropa Production, où l’on applique toujours les dogmes, à l’accueillante boutique de Hustler Inc.; des entrevues éclairantes avec Benoîte Groulx, Catherine Breillat, Nina Hartley (réalisatrice de How to Make Love to a Man et How to Make Love to a Woman) aux extraits de films marrants d’Annie Sprinkle; en passant par le point de vue rageur de Virginie Despentes (Baise-moi); ou par celui, commercial, de Jane Hamilton (productrice de films hard à Hollywood et pionnière du X par les femmes) on s’aperçoit que le cul non seulement se conjugue très bien au féminin, mais qu’il apparaît multiple, cacophonique, pluri-orgasmique, éducatif, jouissif et néanmoins rentable! Intimement, vu le fonctionnement de la sexualité féminine, personne ne viendrait en douter; mais socialement, les fantasmes des messieurs perdurent dans cette industrie. Bad Girl a donc l’avantage de soulever un coin du tapis, démontrant qu’on sort peut-être de l’ère glaciaire du X. Au lieu de refuser toute exploitation du sexe, les dames jouent dans le panier de crabes avec un certain courage, assumant leurs contradictions et faisant front contre le bien-pensant offusqué. On s’aperçoit ainsi que l’écart entre la standardisation de la fesse et la fesse-femme est presque aussi large que celui séparant la malbouffe de la bouffe bio. C’est une question de société: on se nourrit, mais on ne mange pas la même chose.
Certaines scènes étonnent (Pivot qui traite Groulx de pornocrate!); d’autres amusent (cette sexologue américaine qui, pour bien éclairer ses propos, conseille des travaux pratiques et n’hésite pas à sodomiser son époux devant la caméra). Il est clair que s’il avait subi la censure, Bad Girl aurait été tout aussi instructif, mais beaucoup plus banal. Le plaisir de regarder une partie de jambes en l’air est donc toujours honteux…
À Ex-Centris
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