Le 4125, rue Parthenais : Beau travail
Cinéma

Le 4125, rue Parthenais : Beau travail

On est tellement habitué à voir des reality-shows, et des reportages télévisés sur le "vrai monde" (y en a-t-il un faux?), qu’on a tendance à oublier qu’on peut porter un regard éclairé sur la majorité silencieuse, celle qui peuple des lieux comme celui dépeint par Isabelle Lavigne, dans Le 4125, rue Parthenais.

On est tellement habitué à voir des reality shows, et des reportages télévisés sur le "vrai monde" (y en a-t-il un faux?), qu’on a tendance à oublier qu’on peut porter un regard éclairé sur la majorité silencieuse, celle qui peuple des lieux comme celui dépeint par Isabelle Lavigne, dans Le 4125, rue Parthenais. Après J.U.I.C.E., excellent court métrage, dans lequel elle montrait la compétition en milieu de travail, la cinéaste va dans le détail, et nous présente, comme un portrait de famille, les habitants de cet immeuble où, depuis sa construction, rien ne semble avoir changé.

On y fait d’abord la connaissance de la super intendante, une Roumaine d’origine, menant son monde à la fois avec fermeté et compassion; puis celle d’une voisine passant sa vie à sa fenêtre ("Je suis curieuse. Je suis née curieuse, et je mourrai curieuse.") Entre ces deux pôles, on découvre un microcosme d’humanité qui, sans vivre dans la marge, a refusé, plus ou moins volontairement, de perdre sa vie à la gagner: un banlieusard divorcé, rêvant de la Terre de Feu; un témoin de Jéhovah gai, craignant le jugement de Dieu bien plus que celui des hommes; une orpheline de Duplessis, entourée de chats et d’oiseaux; un vieil homme qui "fait son temps sur Terre, avant de vivre pour l’éternité".

Sans en faire des héros du quotidien, la cinéaste ne s’apitoie jamais sur eux. Ni emblématiques, ni martyrs, ces personnages (car ce sont de vrais personnages) forment un petit théâtre comico-tragique. Comiques parce qu’ils sont lucides; tragiques, parce qu’on sent bien que ces "oubliés" du système ne l’ont pas eue facile, et qu’ils rient un peu trop fort, en lançant des phrases comme "Quand tu viens au monde, tu sais pas ce qui te pend au bout du nez." Fiers, également, parce qu’on ne se plaint pas devant une caméra; et dignes, parce qu’Isabelle Lavigne les filme avec respect. Produit par Les Films du tricycle, Le 4125, rue Parthenais fait partie de ces documents précis et discrets, qui donnent la parole à ceux qui ne l’ont pas.

En complément, on pourra voir Méchante Job, d’Ève Lamont, sorti en avril dernier, et dans lequel la cinéaste fait le portrait de gens qui ont décidé de vivre en dehors du rythme métro-boulot-dodo.

Voir calendrier
Cinéma exclusivités