La Loi du cochon : Polar salé
Cinéma

La Loi du cochon : Polar salé

Dans les années 60, il y eut le cinéma d’auteur et le film de fesses; dans les années 70, le cinéma d’auteur et le film social; dans les années 80, le cinéma d’auteur et le film de loft; et dans les années 90, le cinéma d’auteur et la comédie. Aujourd’hui, le cinéma québécois se lance dans le film policier, oscillant, encore et toujours, entre le film d’auteur et le film de genre, l’univers personnel et le succès grand public – la comédie tenant toujours le haut du pavé, et le film historique faisant une timide percée.

Dans les années 60, il y eut le cinéma d’auteur et le film de fesses; dans les années 70, le cinéma d’auteur et le film social; dans les années 80, le cinéma d’auteur et le film de loft; et dans les années 90, le cinéma d’auteur et la comédie. Aujourd’hui, le cinéma québécois se lance dans le film policier, oscillant, encore et toujours, entre le film d’auteur et le film de genre, l’univers personnel et le succès grand public – la comédie tenant toujours le haut du pavé, et le film historique faisant une timide percée.

Premier long métrage d’Érik Canuel, La Loi du cochon tente d’allier le meilleur des deux mondes, en renouant avec certaines traditions (ah! le bar de danseuses, pierre angulaire du cinéma québécois…), et en transposant au grand écran ce que la fiction télé a de mieux.

Avec une jeune soeur enceinte jusqu’aux yeux (Catherine Trudeau), une porcherie en faillite, léguée par son père, une banque menaçant de saisir l’entreprise familiale, et quelques centaines de plants de pot cachés dans ses champs de maïs, Stéphane (Isabel Richer) a tout ce qu’il faut en main pour déraper. Ce qu’elle fera, bien sûr. Ajoutez à ça, deux truands en cavale (Sylvain Marcel et Jean-Nicolas Verreault), un petit couple dépassé par les événements (Marie Brassard et Stéphane Demers), et un ex de la belle, petit caïd de province (Christian Bégin), et vous avez un cocktail explosif.

Avant d’être un film, La Loi du cochon a été un scénario de Joanne Arseneau, qui, entre les séries 10-07 et Tag, et, au grand écran, Le Dernier Souffle, a exploré le polar, affinant un style aux dialogues musclés, et où les personnages ne sont pas sacrifiés à l’action. Après avoir réalisé de nombreux vidéoclips et spots publicitaires, quelques séries télé, dont Fortier et The Hunger, ainsi que le film Imax, Hemingway: A Portrait, Érik Canuel a porté à l’écran cette histoire qui doit beaucoup à l’imaginaire développé par la fiction télévisuelle des dernières années: crime organisé, petits truands, trafic de drogue et filles tough.

Là où le film innove, c’est dans son humour très noir, et dans le choix de dépeindre une réalité, hors des centres urbains, qu’on voit peu en fiction, renouvelant le décor habituel à ce genre d’histoire. D’autre part, Érik Canuel a su donner de la personnalité à son film, sans en faire l’enjeu principal, mettant de l’avant le spectacle plutôt que le discours.

Resserré autour de seulement neuf personnages, La Loi du cochon honore la tradition du polar, selon laquelle les personnages secondaires sont les plus colorés. Sans rien enlever au talent d’Isabel Richer, parfaite en fille perdue cherchant une sortie de secours avec l’énergie du désespoir, ce sont les deux truands, et le petit couple straight, qui sont les plus "attachants". Marie Brassard est hilarante en petite madame, qui veut à tout prix voir la vie en rose; et Jean-Nicolas Verreault est savoureux en tueur monosyllabique.

Sans vouloir révolutionner le genre, La Loi du cochon le renouvelle un peu, thriller efficace, qui s’inscrit dans une volonté du cinéma québécois actuel de rejoindre le grand public, sans niveler par le bas.

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