Innocence/Paul Cox : Le temps des cerises
Cinéma

Innocence/Paul Cox : Le temps des cerises

Présenté il y a un an au FFM, il sort enfin, tranquillement et sans tapage. À son image. Mais voilà un film qu’il serait dommage de manquer: Innocence, de Paul Cox, une petite chose bien tournée, tendre et un peu amère.

Présenté il y a un an au FFM, il sort enfin, tranquillement et sans tapage. À son image. Mais voilà un film qu’il serait dommage de manquer: Innocence, de Paul Cox, une petite chose bien tournée, tendre et un peu amère. Rien qu’une histoire d’amour avec des violons, une passion avec des baisers, des étreintes dans l’herbe, des larmes, des quais de gare et des rendez-vous au café. La romance est même mélo. Rien de bien original, en fait, sauf que les amoureux ont plus de 70 ans et que le film avance à leur rythme, sans se presser, mais sans canne non plus.

Claire (Julia Blake) retrouve Andreas (Charles Tingwell), 40 ans après leur première rencontre, au temps où ils se sont aimés passionnément. Chacun de leur côté, ils se sont mariés, ont eu des enfants; mais l’amour revient en force, bouscule les préjugés et la jalousie latente de John, le mari de Claire (Terry Norris). Trois grands acteurs australiens, un réalisateur australien d’origine allemande qui n’en finit plus d’observer les relations humaines sous l’oeil du désir et un script bavard et bien écrit: Innocence se laisse regarder comme une romance un peu fanée, où la force du désir est intacte, l’exaltation et l’hystérie en moins.

En plus de la vivacité d’Andreas qui se bat contre la maladie et qui préfère embrasser une femme plutôt qu’un crucifix; de l’apparente fragilité de Claire, et de l’incompréhension outrée de John: l’intelligence du scénario vient remettre quelques pendules à l’heure. Tout comme le temps qui n’a plus la même densité à 70 ans, et qui colore le sentiment amoureux d’urgence, mais aussi de pureté. Allons à l’essentiel, d’où le titre. Mais ce n’est pas une innocence évanescente faite d’un marivaudage mièvre, un sentiment un peu timoré qui ferait plus de mal que de bien quand on a les cheveux blancs: Innocence décrypte l’essentiel de l’amour, entre la confiance et le plaisir, entre la confidence franche et le désir sexuel. Des sentiments que n’importe quel teen movie enrobe de sauce, de cris et de soupirs pour coller à la fougue adolescente, mais qui, à travers la loupe d’un présent qui ne peut pas envisager un futur à long terme, prennent une force nouvelle. On se passerait même de tant de flash-back où les héros, jeunes, sont sempiternellement enlacés.

Lors du FFM, Paul Cox parlait de son film comme d’un moment d’harmonie, de "maturité collective", d’un pied de nez à cette société où tout le monde parle et où personne n’écoute. "La société consume les gens", lâchait-il avec une moue un rien désespérante. Innocence n’apprend rien de nouveau, mais rejouant le coup de l’amour fou, il donne la pêche.

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