The Uncles : En famille
Cinéma

The Uncles : En famille

Si, ces derniers temps, le cinéma canadien n’a pas donné de quoi se gonfler le torse, voilà certainement de quoi faire revivre l’espoir. The Uncles est l’une des dernières oeuvres du Projet de long métrage du Canadian Film Centre, celui-là même qui avait produit The Cube, il y a quatre ans. Cette fois, la chance fut donnée à Jim Allodi, acteur torontois (The Herd, The Five Senses) et réalisateur de courts métrages.

Si, ces derniers temps, le cinéma canadien n’a pas donné de quoi se gonfler le torse, voilà certainement de quoi faire revivre l’espoir. The Uncles est l’une des dernières oeuvres du Projet de long métrage du Canadian Film Centre, celui-là même qui avait produit The Cube, il y a quatre ans. Cette fois, la chance fut donnée à Jim Allodi, acteur torontois (The Herd, The Five Senses) et réalisateur de courts métrages. Il n’y a pas à dire, le candidat est talentueux. Du scénario à la direction d’acteur, de la mise en scène à l’esthétique, tout est imprégné d’une justesse de ton et d’une fascinante adresse à faire émerger l’émotion sans pousser, ni appuyer.

C’est dans le quartier italien de Toronto qu’Allodi a décidé de placer son récit. Au centre de l’histoire, John Toma (Chris Owens, l’agent Spender dans X Files), la trentaine bien entamée, gérant de restaurant et substitut du père dans son rôle de pourvoyeur et de protecteur. Son destin d’aîné, il l’assume mais cherche quand même à éviter à son jeune frère Marco (Kelly Harms) le même parcours en le forçant à poursuivre ses études. En plus de subir le harcèlement matrimonial de sa mère, John doit également garder un oeil vigilant sur Celia (Tara Rosling, émouvante), sa soeur de 30 ans fragile et instinctive comme un enfant depuis qu’un accident a fait décroître ses capacités intellectuelles.

Les personnages de The Uncles, hormis le fait d’être de sang chaud et de parler avec les mains, sont régis par des codes culturels rigides qui étouffent les pulsions égoïstes, préférant à cela l’épanouissement de l’esprit familial. Suivant la logique conservatrice de la famiglia italienne, il y a autant de choses à proscrire qu’il y en a à promouvoir. Par exemple, les enfants: Celia en a fait une obsession. Rongée par l’instinct maternel, elle a pris le pli de dérober aux voisines leurs bébés naissants, question de se sentir génitrice pendant quelques instants. Un enfant, c’est ce que réclame également la maîtresse adultère de John (Veronika Hurnik). Mais on ne brise pas un couple, surtout lorsqu’il s’agit de celui du fils du patron (Dino Tavarone, impeccable).

De tous ces tiraillements, naissent des sentiments palpables et contagieux, tant le jeu d’acteurs est convaincant. En adoptant un ton plus proche de la compassion que de l’ironie, Allodi a réussi à créer des personnages authentiques et fort crédibles, libres d’acte et de pensée quoique contraints aux obligations sociales. Son scénario ne les juge pas plus qu’il ne les écrase de moralité, et sa mise en scène agile s’applique plutôt à les capter furtivement, sans masquer leurs failles. De là émerge peut-être cette impression d’humanité… Tourné en caméra numérique, The Uncles propose également une esthétique intéressante, fragile et granuleuse, à l’image des sentiments qui s’y trament.

Devant la force qu’inspire la simplicité de son film, Allodi reconnaît qu’il peut paraître étrange de proposer une histoire linéaire en l’an 2000, compte tenu de l’excentricité des styles et des formes: sur les chemins érodés, l’émerveillement est manifestement encore possible.

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