Waking Life : Faut pas rêver…
De Cocteau à David Lynch, en passant par Kurosawa et Minnelli, le rêve a toujours fasciné les cinéastes de tout temps. Pas étonnant: ne dit-on pas qu’un film est un rêve qu’on fait à plusieurs? Après Slacker, Dazed and Confused et Before Sunrise, Richard Linklater nous convie donc à rêver à Waking Life.
De Cocteau à David Lynch, en passant par Kurosawa et Minnelli, le rêve a toujours fasciné les cinéastes de tout temps. Pas étonnant: ne dit-on pas qu’un film est un rêve qu’on fait à plusieurs? Après Slacker, Dazed and Confused et Before Sunrise, Richard Linklater nous convie donc à rêver à Waking Life, expérimentation sur la forme et la nature même du cinéma – et du sens de la vie, s’cusez du peu…
Le fil de l’intrigue (qui reprend, en gros, la structure de Slacker) suit un jeune homme (Wiley Higgins) déambulant dans les rues d’une ville, où il croise plusieurs personnes qui lui font part de leurs réflexions sur le sens de l’existence, la conscience, la nature humaine et son évolution, la culture à travers les âges et la biologie, la vie, la mort et le reste. Tout d’abord silencieux, le jeune homme pose, peu à peu, des questions de plus en plus précises à ses interlocuteurs, alors qu’il constate qu’il est en train de rêver, puis réalise qu’il ne peut plus sortir du rêve, et tente alors de le contrôler.
Filmé "normalement", avec décors naturels et une cinquantaine d’acteurs (entre autres, Ethan Hawke, Julie Delpy et Steven Soderbergh), Waking Life a, par la suite, été entièrement redessiné par l’animateur Bob Sabiston. Ça donne un film d’animation pour adultes, entre le fauvisme de la fin du XIXe siècle et l’hyperréalisme des années 60, et dont le look oscille entre le pop art et la peinture à numéros. Le procédé est audacieux, novateur, et éveille la curiosité pendant les 10 premières minutes. Mais après quelques instants, un léger mal de coeur s’installe, alors que l’image est constamment en mouvement, illustration littérale du flou existentiel entre réalité et perception, pensée et hallucination, concepts et rêves.
Une fois passé l’intérêt initial pour le procédé d’animation, on se concentre un peu plus sur ce qui se dit. Et il s’en dit beaucoup. Plus bavard qu’un Woody Allen – première période, mais sans l’humour – ou un Rohmer particulièrement loquace, le scénario de Linklater saoule assez vite, avec son verbiage incessant. Semblant s’adresser, en premier lieu, au public adolescent, Waking Life a tout d’un fourre-tout psycho-philosophique où l’on évoque Bouddha, Aristote, Kierkegaard, Castaneda et j’en passe. Ça hausse un peu le niveau général, mais on reste sur sa faim…
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