Heist : Beau coup!
Cinéma

Heist : Beau coup!

Tel le héros de son film, DAVID MAMET orchestre ici un grand coup, et réaffirme un talent qu’il n’a certes pas volé. Un travail de pro.

Il n’existe pas, en français, de traduction exacte du mot Heist. Entre le hold-up, le cambriolage et le casse, c’est une opération montée par une équipe de spécialistes, du genre "Synchronisons nos montres!", et qui ont fait les beaux jours de la série Mission impossible. Plus récemment, The Score, tourné à Montréal, et mettant en scène un voleur vieillissant, un employeur louche et un jeune chien, renouait avec le classicisme d’un genre particulièrement populaire dans les années 70. Également tourné à Montréal, mais sans que ce soit évident (à part à la toute fin), et naviguant, lui aussi, autour d’un trio dépareillé: le film écrit et réalisé par David Mamet est bien meilleur que The Score.

Alors qu’il est sur le point de se la couler douce, sur son voilier, dans les mers du Sud, Joe Moore (Gene Hackman) accepte un dernier contrat pour Micky (Danny De Vito): voler un chargement d’or suisse, dans un Boeing au sol. Aidé de sa blonde (Rebecca Pidgeon), de son fidèle complice (Delroy Lindo), et du neveu de son employeur (Sam Rockwell), que celui-ci leur a mis de force dans les pattes, le préretraité va en avoir pour son argent…

Nous aussi, on en a pour notre argent. Pas chiche, David Mamet nous offre, en plus du gros coup final, un autre cambriolage, soigné aux petits oignons, dès l’ouverture. Le ton est donné: un peu d’action, beaucoup de suspense, des dialogues cinq étoiles et une mise en scène qui rend limpide cette histoire tordue d’alliances, de trahisons, de volte-face et de course à l’argent. En plus ludique, et en moins noir, on n’est pas loin de Glengarry Glen Ross, la pièce de Mamet qui lui valut le prix Pulitzer. Mêmes thèmes, manière différente. Les amateurs de scènes de poursuite seront déçus; les autres savoureront les répliques cinglantes à la Pulp Fiction, et une interprétation hors pair. Seule Rebecca Pidgeon (Madame Mamet, dans la vie civile) ne semble pas très à l’aise dans le rôle classique de la femme fatale.

Dramaturge reconnu (American Buffalo, Oleanna), scénariste redoutable (The Verdict, Wag the Dog, Hannibal), et cinéaste estimé (House of Games, The Spanish Prisoner, State and Main), David Mamet a signé un film classique et jouissif. Du vrai bonbon.

Voir calendrier Cinéma

En primeur