Rencontres internationales du documentaire de Montréal : La guerre oubliée
Film d’ouverture des 4e Rencontres internationales du documentaire de Montréal, Vivre après: Paroles de femmes est à nouveau présenté.
Film d’ouverture des 4e Rencontres internationales du documentaire de Montréal, Vivre après: Paroles de femmes est à nouveau présenté, le samedi 17. Durant un an, le cinéaste français Laurent Bécue-Renard a filmé trois femmes bosniaques: Jasmina, Senada et Sedina. Trois jeunes mères, trois veuves de guerre qui, accompagnées de leurs enfants, ont séjourné dans une maison où, quotidiennement, elles se sont entretenues avec une thérapeute. Ces femmes, qui n’ont pas 30 ans, ont perdu leurs maris, parfois fusillés sous leurs yeux; d’autres ont perdu des frères, des pères, des fils. Compagnes abandonnées, la peur, la colère, la culpabilité les habitent, semblables aux milliers de femmes, qui, de tout temps, ont survécu aux guerres que les hommes ont menées entre eux. Mais, une fois que les canons se sont tus, comment ne plus entendre le bruit et la fureur qu’elles portent en elles? Vive Zene, un centre de psychothérapie pour femmes et enfants, a donc offert ses services à ces femmes dépourvues, avec une approche en douceur, conjuguée à une thérapie corporelle, pour que les larmes se transforment en mots, pour nommer l’horreur, afin qu’elle perde de son emprise. Le regard de Laurent Bécue-Renard est conséquent, sobre et intimiste. Il filme ces trois femmes au jour le jour, houspillant leurs enfants, cherchant à voir clair en elles, partageant un café, se confiant à la thérapeute, frottant les planchers, racontant les atrocités qu’elles ont vécues avec une pudeur remarquable. Pas de psychodrame, ici: si elles ont accepté de se faire filmer, ce n’est pas non plus pour se donner en spectacle. Malgré le montage un peu approximatif, Vivre après: Paroles de femmes jette un regard inédit sur le deuil.
Hormis ce film, plusieurs autres productions seront encore à l’affiche. Citons Children Underground, d’Edet Belzberg, un document bouleversant sur les enfants vivant dans les rues de Bucarest; Le Profit et rien d’autre, de Raoul Peck (Lumumba), un réquisitoire efficace contre le capitalisme sauvage; Bacon, le film, d’Hugo Latulippe, documentaire controversé sur l’industrie porcine québécoise; Celui qui savait, de Julien Élie et Carlos Ferrand, sur une Rwandaise qui, vivant maintenant à Montréal, souhaite continuer le combat de son mari, assassiné en 98; et Les Petits Princes des bidonvilles, d’Anaïs Barbeau-Lavalette, sur une production théâtrale du Petit Prince, montée par des enfants du Honduras.
Jusqu’au 18 novembre
Cinémathèque québécoise
Cinéma ONF
www.ridm.qc.ca
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