Pierre Gauvreau – Joseph Giunta : Épreuves d'artistes
Cinéma

Pierre Gauvreau – Joseph Giunta : Épreuves d’artistes

Le portrait d’artiste est une entreprise périlleuse, car, entre le reportage biographique et le discours sur l’oeuvre, le cinéaste doit mêler habilement créateur et création; la seconde exprimant, a priori, ce que le premier a de meilleur. Présentés en programme double, Gauvreau ou l’obligation de la liberté, de Charles Binamé, et Joseph Giunta: un triomphe silencieux, de Pepita Ferrari, sont remarquables d’équilibre, entre le document humain et la présentation d’une  oeuvre.

Le portrait d’artiste est une entreprise périlleuse, car, entre le reportage biographique et le discours sur l’ouvre, le cinéaste doit mêler habilement créateur et création; la seconde exprimant, a priori, ce que le premier a de meilleur. Présentés en programme double, Gauvreau ou l’obligation de la liberté, de Charles Binamé, et Joseph Giunta: un triomphe silencieux, de Pepita Ferrari, sont remarquables d’équilibre, entre le document humain et la présentation d’une ouvre.

Bien avant de se faire connaître par la fiction, Binamé avait signé, dans les années 70, des portraits d’artistes: Borduas, Emily Carr, Vanier. Gauvreau ou l’obligation de la liberté marque donc un retour aux sources pour le réalisateur d’Eldorado qui, depuis 30 ans, entretient des liens d’amitié avec Pierre Gauvreau, peintre reconnu, mais aussi réalisateur télé (Radisson, Iberville), producteur (Mon oncle Antoine, IXE-13) et scénariste télé (Le Temps d’une paix, Cormoran). Un parcours en apparence éclectique, mais où la peinture, malgré une interruption d’une douzaine d’années, a toujours occupé la place centrale. En compagnie de l’artiste, le cinéaste retrace cette vie bien remplie, de l’influence d’une mère avant-gardiste (femme divorcée, qui poussa ses fils vers la création) à celle de sa femme, présence constante, en passant par la guerre 39-45, le Refus global, et la Révolution tranquille. Parallèlement, la caméra mouvante de Binamé parvient bien à rendre la chair de la peinture de Gauvreau, matière habitée de lumière et de mouvement.

Plus classique dans la forme, Joseph Giunta: un triomphe silencieux a, tout d’abord, le mérite de nous faire découvrir l’ouvre considérable d’un peintre qui, jusqu’à sa mort, en janvier dernier, à l’âge de 89 ans, peignait encore, avec une incroyable énergie. C’est, de plus, le portrait très émouvant d’un homme qui, depuis cinq ans, avait choisi de vivre avec sa femme, atteinte de la maladie d’Alzheimer, plutôt que de la placer en institution. Ayant donné toute sa confiance à Pepita Ferrari, Joseph Giunta évoque 70 ans de production, d’abord figurative, puis abstraite dans les années 50. À partir de 1975, alors que le fils unique du couple se noie, Giunta crée, sans relâche et loin des regards, des "peintures-objets", superbes tableaux en trois dimensions, mondes clos et vibrants, qui auraient tout à fait leur place dans nos musées nationaux…

Deux films, deux peintres, et deux regards sur une même exigence, une même énergie, et une même recherche de vérité. Beau programme.

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