Promises : Les uns et les autres
Cinéma

Promises : Les uns et les autres

Né à Boston et élevé en Israël, le journaliste B.Z. Goldberg s’est sensibilisé au sort des enfants de la "guerre des pierres" en couvrant la première Intifada (1987-1991) pour Reuters et CNN.

Né à Boston et élevé en Israël, le journaliste B.Z. Goldberg s’est sensibilisé au sort des enfants de la "guerre des pierres" en couvrant la première Intifada (1987-1991) pour Reuters et CNN. En 1997, il est revenu sur les lieux avec Justine Shapiro et Carlos Bolado pour donner la parole à 7 enfants âgés de 9 à 13 ans, qu’il a interviewés durant 3 ans, jusqu’au moment où éclatait la seconde Intifada, à l’automne 2000. Au cours de ces années, Goldberg, qui parle couramment hébreu et arabe, a développé une complicité palpable avec les protagonistes de Promises, documentaire troublant tourné à hauteur d’enfant.

Filmé dans son environnement propre, chaque intervenant se livre sans fausse pudeur, tantôt candide, tantôt cruel. Dans les propos, on sent tout le poids des préjugés hérités des parents. On sent cependant une volonté sincère de connaître et de comprendre l’autre, le juif ou l’Arabe, pour enfin vivre dans l’harmonie sur cette terre promise par leur Dieu, qu’il se nomme Yahvé ou Allah. Et surtout, afin de ne plus voir leurs amis tomber sous les balles.

Toutefois, certains ne l’entendent pas ainsi. Mahmoud, un garçon au visage angélique de Jérusalem-Est, est un farouche partisan du Hamas (Mouvement de la résistance islamique). Devant le mur des Lamentations, Shlomo, un juif ultra-orthodoxe, croit que le salut d’Israël n’est possible qu’avec le retour du Messie. À Beit-El, une colonie juive cernée par les Palestiniens, Moishe rêve de bouter tous les Arabes hors de Jérusalem. Aucun de ces garçons ne voudra participer à la rencontre entre Israéliens et Palestiniens organisée par Goldberg.

Les jumeaux Daniel et Yarko, juifs séculiers très politisés de Jérusalem-Ouest, accepteront toutefois de faire connaissance avec Faraj, un garçon sensible dont le meilleur ami a été assassiné durant le tournage, et la gracieuse Sanabel, qui raconte l’histoire de son peuple par la danse folklorique. Cette rencontre, qui se déroule dans un camp de réfugiés palestiniens, est sans contredit le point culminant de Promises. Dans un anglais approximatif, puis avec l’aide des traducteurs, ces jeunes oublieront leurs différences et tenteront d’élaborer des plans pour un avenir meilleur. Pourtant, Promises souffre de quelques longueurs, comme si les réalisateurs n’avaient pas réussi à retenir l’essentiel. Mais devant ces moments aussi émouvants, on ne peut que saluer l’initiative de Goldberg. Ce qu’a fait le Festival de Rotterdam en lui décernant le prestigieux prix Canal + Audience, qui récompense pour la première fois en 30 ans un documentaire.