À travers chants : À bout de souffle
Un homme fait résonner sa voix dans les couloirs du métro. Les passants le regardent, souvent étonnés. Mais pourquoi chante-t-il? Pour combler un désir de créer? Pour communiquer? Dans À travers chants, Tahini Rached nous invite à découvrir le plaisir du chant, par l’Ensemble vocal d’Outremont que conduit avec fougue et passion Christine Harel.
Un homme fait résonner sa voix dans les couloirs du métro. Les passants le regardent, souvent étonnés. Mais pourquoi chante-t-il? Pour combler un désir de créer? Pour communiquer? Dans À travers chants, Tahini Rached nous invite à découvrir le plaisir du chant, par l’Ensemble vocal d’Outremont que conduit avec fougue et passion Christine Harel. Cette chorale, formée d’une soixantaine d’hommes et de femmes de tous âges, se prépare fébrilement en vue d’un concert qu’elle donnera à la salle Pierre-Mercure. Au programme, des choeurs d’opéra de Monteverdi, de Purcell, de Mozart et de Rameau, dans une mise en scène de François Racine.
D’auditions en répétitions, de la générale au concert, la réalisatrice se fait discrète et réussit à capter des moments d’hésitation, d’impatience et de découragement des membres de la chorale. Quelques-uns livrent avec simplicité et pudeur leur grand amour pour le chant. Plusieurs avouent chanter sous la douche, au volant ou en cuisinant. Certains doivent se retenir de chanter en public. Leur plus grand plaisir est d’unir leur voix à celle des autres en un seul souffle. En parfaite harmonie. En cette époque marquée par l’individualisme, chanter en communion semble être le dernier bastion de la solidarité, selon un des participants. Ce qui n’est pas pour déplaire à la réalisatrice Tahini Rached, passionnée pour l’action communautaire. En 1973, celle-ci réalise son premier documentaire: Pour faire changement; puis un premier long métrage en 1979: Les Voleurs de job, sur l’immigration. Elle se joint à l’ONF en 1980 où elle continue de tourner des documentaires à caractère social; elle traite notamment de la guerre (Beyrouth!, À défaut d’être mort, 1983), de la pauvreté (Au Chic Resto pop, 1990) et du sida (Médecins du coeur, 1993).
Si, par contre, le chant choral vous laisse de glace, abstenez-vous, car ce film risque de vous agacer au plus au point. Non que le chant et ses adeptes soient sans intérêt, mais le film finit par lasser. Les témoignages ne sont pas assez approfondis, laissant une désagréable impression de cliché. Il aurait été intéressant de connaître davantage ces gens issus de milieux différents; seul un homme d’affaires établit un parallèle entre sa profession et son passe-temps; les autres ne semblent exister que par leur voix. Témoignant de la dure discipline du chant, les répétitions semblent s’éterniser. Cependant, ce documentaire vaut le détour grâce à cette femme exceptionnelle qu’est la directrice de la chorale. Et dans les propos des chanteurs, on perçoit tout le respect qu’ils lui portent. Accompagnée par la pianiste Guylaine Flamand, Christine Harel dirige l’Ensemble vocal d’Outremont avec une grande rigueur et beaucoup de patience. Exigeante envers elle-même, elle invite ses choristes à toujours se dépasser; et avec une simplicité désarmante et un humour déstabilisant, elle parvient à semer parmi ses chanteurs un enthousiasme contagieux. Bref, si ce n’était du charisme et de la personnalité de cette femme, À travers chants perdrait beaucoup de son intérêt.
Au Cinéma ONF
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