Behind Enemy Lines : Patriotisme 101
Cinéma

Behind Enemy Lines : Patriotisme 101

Quand le temps est à la guerre, il pleut des bouses. C’est un nouveau proverbe. Disons que depuis le 11 septembre, les vannes sont ouvertes. Le feu est vert. Gentlemen, start your engine. Ça permet à Hollywood d’en faire encore plus pour l’effort de guerre, et de balancer à grosses pelletées du fumier sur le terrain patriotique.

Quand le temps est à la guerre, il pleut des bouses. C’est un nouveau proverbe. Disons que depuis le 11 septembre, les vannes sont ouvertes. Le feu est vert. Gentlemen, start your engine. Ça permet à Hollywood d’en faire encore plus pour l’effort de guerre, et de balancer à grosses pelletées du fumier sur le terrain patriotique. Vaguement basé sur un fait réel, Behind Enemy Lines tire sur la corde pour raconter l’aventure d’un pilote américain (Owen Wilson) qui, parce qu’il s’est écarté de sa mission de reconnaissance, que son avion a été descendu, qu’il s’est éjecté dudit appareil et que son pote est mort, se retrouve traqué par des… méchants (Bosniaques? Slovaques? Musulmans? Militaires? Rebelles?), dans les montagnes de l’ex-Yougoslavie. Le pilote est tout seul avec son poste émetteur et sa gourde d’eau; il est poursuivi par une tête brûlée qui ressemblerait à Antonio Banderas en survêtement, pendant que son supérieur (Gene Hackman) se ronge les ongles sur le porte-avions. Résultat des courses: il faut tout faire pour ramener ce fils de la nation à la maison. Y compris bousiller les plans de paix de l’OTAN et tuer le maximum d’indigènes. La vie d’un soldat américain, c’est du 100 contre un.

Ça débute comme un Top Gun amélioré, avec décollage de F18 sur musique rock. Les chevaliers du ciel sont de retour. Superscène de poursuite avec des missiles sol-air et montage furieux pour le passage où les pilotes s’éjectent du cockpit. Et hop! Fini, les avions! Après, on remplit d’explosions et de cavalcades sur une bande sonore tonitruante; et le film tourne en clip. Toujours très mode, la guerre. Soyons cyniques: présenté comme ça, on dirait une pub sophistiquée de voiture ou de compagnie dotcom (le pilote assis sur un piton rocheux avec plan d’hélicoptère giratoire, ralentis et accélérés ad nauseam, bel effet de mines qui explosent en quinconce, arrêts sur images, etc.). John Moore, le réalisateur de cette daube, est un faiseur de publicités. S’il est bon pour faire la promotion du dernier logiciel SEGA, on a dû se dire que son sens de la stabilité du cadrage qui n’excède pas trois nanosecondes était parfait pour orchestrer un film d’action. Et puis, on reste dans la publicité: le Département de la défense a donné son aval, en prêtant des engins, et Coca-Cola s’est foulé d’une bouteille.

Hackman joue Papy fait de la résistance; Wilson choisit mal ses rôles depuis The Minus Man; la fausse neige au pied des arbres est ridicule; les voix de chorale sur images de charnier (au ralenti) sont indigestes; et cette manie de faire apparaître les noms sous les personnages, et ce sérieux à la CNN, et cette mentalité malade de vouloir un autre D. Day pour se sentir utile… Aaarggghhhh, que c’est mauvais!

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