Sidewalks of New York : Un air naïf
Cinéma

Sidewalks of New York : Un air naïf

Les "trottoirs de New York", ce sont, bien sûr, ceux de Manhattan, aucun des six personnages principaux du quatrième long métrage d’Edward Burns (The Brothers McMullen, She’s the One, No Looking Back) ne s’aventurant au-delà des ponts de l’île, bien que certains d’entre eux viennent du "continent", qu’il s’agisse de Brooklyn ou de Staten Island…

Les "trottoirs de New York", ce sont, bien sûr, ceux de Manhattan, aucun des six personnages principaux du quatrième long métrage d’Edward Burns (The Brothers McMullen, She’s the One, No Looking Back) ne s’aventurant au-delà des ponts de l’île, bien que certains d’entre eux viennent du "continent", qu’il s’agisse de Brooklyn ou de Staten Island…

Coproduit, écrit, réalisé et interprété par Edward Burns, 33 ans et toutes ses dents, Sidewalks of New York entremêle les parcours sentimentaux de six New-Yorkais: Tommy (Edward Burns), un producteur télé qui rêve d’être écrivain et qui vit chez son patron, après avoir été foutu à la porte par sa blonde. Il tombe amoureux d’une jeune divorcée (Rosario Dawson), prof au primaire, plus ou moins harcelée par son ex-mari (David Krumholtz), qui, lui, s’éprend d’une serveuse (Britanny Murphy), fraîchement débarquée de l’Iowa, et qui n’en demandait pas tant. La jeune fille en question a une liaison peu reluisante avec un dentiste (Stanley Tucci), marié à une jeune femme chic de l’Upper East Side (Heather Graham), qui s’occupe en étant agent immobilier. C’est lors d’une visite d’appartement qu’elle rencontrera Tommy, le producteur télé du début. Vous suivez?

Un tournage de 16 jours, un budget minimal, une caméra extrêmement mobile et des éclairages plus ou moins naturels; des dialogues qui ont l’apparence de l’improvisation, mais où les répliques bien senties fusent; un montage dynamique, émaillé de séquences pseudo-documentaires où les protagonistes se confient à la caméra: l’hommage à Woody Allen est assumé, au point que Sidewalks of New York ressemble à une mise à jour de Husbands and Wives. Le problème, c’est que le film d’Edward Burns ne tient pas la comparaison. Dans le même créneau, In the Company of Strangers, de Neil LaBute, avait autrement plus de mordant et de style.

Pourtant, cette comédie romantique, aux allures de radioscopie de l’amour au temps du cynisme, ne manque pas de charme et de qualités. C’est divertissant, plutôt bien écrit, malgré des dialogues qui s’écoutent briller; c’est bien monté, avec plusieurs intrigues s’imbriquant avec aisance; et c’est joliment interprété, surtout par Stanley Tucci, en macho ordinaire qui s’inquiète de la taille de son sexe, et Heather Graham, tout droit sortie d’un film de Woody Allen. Mais l’impression de déjà vu l’emporte, et on reste sur sa faim.

Là où le film devient, de façon tout à fait involontaire, plus poignant, c’est dans la peinture qu’il fait d’un New York d’avant le 11 septembre. Hormis les silhouettes imposantes des tours du World Trade Center, que l’on voit à quelques reprises, Sidewalks of New York incarne un certain esprit de la ville, une certaine légèreté qui, aujourd’hui, est sérieusement entamée, un mélange d’ironie et de naïveté, marqué par l’autarcie d’une population qui, parce que le monde défile devant sa porte, s’en croit le centre. À son corps défendant, ce film doux-amer est devenu daté, témoin du temps de l’innocence… Reste à voir ce que Woody Allen montrera, la prochaine fois qu’il promènera sa caméra dans les rues de la ville qui ne dort jamais.

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