Les Boys III : Les petits gars
Rebelote. On recommence la folie des Boys. On retrouve la gang dans tous les médias, les copies du film dans plus de 100 salles, les matchs amicaux de ville en ville, et les phrases-chocs vont revenir sur toutes les lèvres. "Dans mon livre à moi….", et patati et patata. Louis Saia (réalisateur) et Richard Goudreau (producteur) ont le sourire fendu jusqu’aux oreilles, ils ont déclenché un phénomène majeur de films en série au Québec.
Rebelote. On recommence la folie des Boys. On retrouve la gang dans tous les médias, les copies du film dans plus de 100 salles, les matchs amicaux de ville en ville, et les phrases-chocs vont revenir sur toutes les lèvres. "Dans mon livre à moi….", et patati et patata. Louis Saia (réalisateur) et Richard Goudreau (producteur) ont le sourire fendu jusqu’aux oreilles, ils ont déclenché un phénomène majeur de films en série au Québec. Après le premier épisode en 1997, suivi du second, en 1998, Les Boys ne se regarde plus comme une simple comédie, mais bien comme un indicateur de notre état de santé. Et c’est de loin la plus grande qualité attribuable au film.
Comme c’est le cas dans tous les pays, on génère – et parfois on survit grâce à – des comédies domestiques, non exportables et bourrées d’inside jokes. On ne comprend rien aux blagues des Allemands, aux niaiseries franchouillardes et aux comédies italiennes (on aimerait aussi ne rien saisir des farces plates américaines, mais on n’a pas vraiment le choix): c’est normal, c’est fait pour de l’usage interne. On peut alors se permettre de la psycho pop pour débutants. Une gang de gars en remplacement d’une grande famille; l’amitié masculine indissoluble; le hockey comme ciment; la taverne comme foyer: la grille est posée depuis le premier volet des Boys. Après cela, il suffit d’ajuster les archétypes au gré des ans: le bagarreur devient repentant, le vendeur se case, le fort en gueule doit se calmer, le solitaire vieillit, le fils bafoué s’exprime, le flic reste idiot et l’avocat diplomate, etc. Dans ce dernier épisode, Les Boys ont pris un coup de mou, ils ne sont plus aussi unis, et l’argent et le confort les minent. On les découvre encore plus losers, individualistes et mal dans leur peau. Tableau peu reluisant. D’ailleurs, le nom de Boys leur va de mieux en mieux: face à l’équipe de filles (directes et sûres d’elles; nous sommes au Québec), ils ne sont que des petits gars perdus dans leur jockstrap (la gueule d’abruti de Patrick Huard amoureux vaut son pesant de nougat). Face à la confrontation et aux choix, ils ne sont guère mieux, ne sachant ni jouer dans la cour des grands, ni régler leurs chicanes. Bref, de grands bébés hébétés. Limite idiots.
Reste que si on lâche les élucubrations sociales, et qu’on rentre dans la critique: faut fuir le massacre. En deux heures, on saute de blagues grasses en blagues encore plus grasses sans se soucier d’un fil scénaristique solide. Souvenez-vous des Charlots. Et ça peut être très long, deux heures… Mieux vaut ne pas trop penser au filon mal exploité des filles, au pot aux roses tellement alambiqué qu’il tombe à plat, et à cette façon quasi surnaturelle de régler le cas de certains personnages (Rémy Girard qui aime soudainement la musique de son fils, Marc Messier qui se fait soudainement appeler papa et Alexis Martin qui passe à la vitesse de la lumière de Satanas dans Les Fous du volant à simple fripouille, lâchant la superbe caricaturale et comique du début pour devenir un pauvre nul sans envergure). Et faut-il supporter la chanson finale en entier? Oui. Façon criante de lancer une B.O. bourrée à craquer de toutes les stars de la chanson de l’heure. En fait, tout cela ressemble à un show d’humour: gros commanditaires bien mis en évidence et suite de sketchs. Ce n’est pas encore complètement nuisible, mais après deux opus, la forme du film est de plus en plus incertaine et coulante; on s’approche d’un spectacle humoristique ou d’une sitcom de type Cheers. Réactualisez BROUE et qu’on en parle plus.
Bref, dans le fatras, on retient les faits d’armes: Éric Lapointe est mignon avec des lunettes mais qu’il ne sait pas jouer; Patrick Huard est toujours un bon acteur; et Messier pique une crise bien amenée. Le plus drôle reste les yeux globuleux de Pierre Lebeau, plus déchaîné que jamais, surtout dans un numéro avec Janine Sutto. Ça, c’était marrant.
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