Queenie in love : Ce que femme veut
Prénommée Bernice par ses riches parents, Queenie (Valerie Geffner) se réinvente une vie de bohème, dans le Lower East Side de Manhattan, entre des auditions minables pour publicités de soutiens-gorges, son travail de monitrice au parc auprès d’enfants de familles éclatées, son fiancé (David Wike), jeune loup puant de la finance, et sa meilleure amie (Kris Carr), complice de ses excentricités.
Prénommée Bernice par ses riches parents, Queenie (Valerie Geffner) se réinvente une vie de bohème, dans le Lower East Side de Manhattan, entre des auditions minables pour publicités de soutiens-gorges, son travail de monitrice au parc auprès d’enfants de familles éclatées, son fiancé (David Wike), jeune loup puant de la finance, et sa meilleure amie (Kris Carr), complice de ses excentricités. C’est le syndrome de la "pauvre petite fille riche", cherchant un sens à sa vie. C’est alors qu’elle rencontre, par l’intermédiaire de son psy (Austin Pendleton), entremetteur libidineux, un certain Horace (Victor Argo), flic à la retraite, qui n’en a plus que pour six mois à vivre, voisin d’un vieux couple de gangsters (Louise Lasser et Mark Margolis) qui payent le loyer en organisant des soirées sado-maso! Tout ce beau monde s’agite, entre l’espoir, la résignation, et la révolte, tandis que Queenie se cherche, de crise spirituelle en crise d’exhibitionnisme.
Reprenant, à peu de chose près, le décor et les personnages de ses deux films précédents, Amos Kollek a pourtant eu la main moins heureuse que dans Fast Food, Fast Women où, pour la première fois, après Sue Lost in Manhattan, il s’essayait à la comédie. On retrouve ici les rues d’un New York qui sonne vrai, villages distincts plutôt que mégapole; des hommes et des femmes de tous âges, qui courent après le bonheur, ou du moins un peu de plaisir et de tranquillité d’esprit; et un ton mi-burlesque, mi-tragique, qui évoque inévitablement Woody Allen.
Difficile de naviguer dans ces eaux-là – mal de vivre et ironie cinglante new-yorkaise – sans que l’ombre de Woody ne se profile. Heureusement, Amos Kollek a tout de même plus de style et de substance qu’Edward Burns, dans Sidewalks of New York. Au point que le film joue sur une excentricité forcée, un côté "regardez comme je suis original", qui agace et sonne souvent faux. De plus, ce qui pouvait passer, dans Fast Food, Fast Women, pour un fouillis sympathique, devient, ici, une suite de sketchs inégaux, au fil d’une structure lâche, qui défile ce qui semble être "les meilleurs moments d’ateliers d’écriture et d’exercices de jeu".
Dans le rôle-titre, Valerie Geffner est un genre de Valérie Lemercier yankee, tantôt très belle, tantôt tout à fait ordinaire, qui a de l’abattage à revendre. Autour d’elle, un trio d’acteurs chevronnés s’amusent visiblement à composer des personnages de vieux, qui ont la vie chevillée au corps, pour le meilleur et pour le pire.
Ces paumés combatifs sont attachants, bien sûr, mais forment une galerie de portraits un peu trop systématique pour être plausible. On ne croit qu’à moitié à cette riche héritière qui va voir en Israël si elle y est, à cette vieille maquerelle qui fouette ses clients comme d’autres font du tricot, sans parler de la finale utopiste qui ne convainc pas, ni dans le réalisme, ni dans la fantaisie.
C’est malheureux à dire, mais il semble bien qu’Amos Kollek s’éparpille un peu trop, lorsqu’il ne construit pas un film autour d’Anna Thomson, avec qui il a réalisé Sue, Fiona et Fast Food, Fast Women. Il retrouvera son égérie pour son prochain film. Tant mieux…
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