Ocean’s Eleven : Escrocs mais pas trop
Drôle de parcours que celui de Steven Soderbergh, qui démarra par une consécration précoce, à 27 ans, alors que Sex, Lies et Videotape recevait laPalme d’or, au Festival de Cannes 90. Après quelques films plusconfidentiels (Kafka, King of the Hill, Schizopolis), Soderbergh refaitsurface et s’impose, en quatre ans, avec Out of Sight, The Limey, Trafic etErin Brockovich.
Drôle de parcours que celui de Steven Soderbergh, qui démarra par une consécration précoce, à 27 ans, alors que Sex, Lies et Videotape recevait la Palme d’or, au Festival de Cannes 90. Après quelques films plus confidentiels (Kafka, King of the Hill, Schizopolis), Soderbergh refait surface et s’impose, en quatre ans, avec Out of Sight, The Limey, Trafic et Erin Brockovich. Avec les frères Coen et Paul Anderson, il est à peu près le seul cinéaste de sa génération à concilier succès public et reconnaissance critique, digne descendant des Wilder, Walsh et autres Wyler, qui ont façonné Hollywood.
Avec Ocean’s Eleven, Soderbergh s’est visiblement amusé, observant tout d’abord la loi d’or voulant qu’un remake réussi doit s’inspirer d’un film médiocre. En effet, le film original, avec Frank Sinatra, Dean Martin, Sammy Davis Jr. et Peter Lawford est une série B sur le hold-up d’un casino de Vegas, sans autre intérêt que celui de rassembler le Rat Pack, cette mythique bande de fêtards, incarnant tout le cool du début des années 60.
Nous sommes à l’aube du 21e siècle, on augmente donc la mise, et ils sont onze à dévaliser les coffres de trois casinos. Le cerveau, c’est Danny Ocean (George Clooney), tout juste sorti de prison, et qui, financé par un millionnaire revanchard (Elliot Gould, hilarant), monte, en deux semaines, le vol de 150 millions de dollars, gardés dans les coffres high-tech du Bellagio, casino dirigé par un mafieux (Andy Garcia) vivant avec l’ex-femme (Julia Roberts) de Danny Ocean. Tiens, tiens, le petit grain de sable qui pourrait faire enrayer la machine bien huilée… L’équipe triée sur le volet, mélange hétéroclite de techno kids, de vieux routiers et d’acrobates chinois (Brad Pitt, Matt Damon, Don Cheadle, Carl Reiner, Casey Affleck et quelques autres), réussira-t-elle son gros coup? Et la belle Julia retombera-t-elle dans les bras du beau George? D’après vous?…
Moins stylé que Out of Sight, et plus linéaire que Trafic, Ocean’s Eleven s’inscrit tout à fait dans la vague récente de "films de hold-up" (The
Score, Heist, Bandits), genre un peu délaissé, et qui connaît un nouvel essor. Ça donne un film sans prétention, habilement mené, et qui assume sans complexe son statut de divertissement tous publics. On aurait pu couper un peu sur les deux heures que dure le film; comme dans Trafic, Soderbergh abuse des cartons identifiant le lieu de l’action, procédé télévisuel un peu agaçant; le scénario tourne souvent les coins ronds, et Julia Roberts a-t-elle vraiment besoin de se gonfler les lèvres au collagène?
Mais ne crachons pas dans la soupe: Ocean’s Eleven, c’est du plaisir à l’état pur, avec des acteurs impeccables, des dialogues efficaces et drôles, et un suspense qui nous garde rivés à l’écran, bien qu’on en connaisse le dénouement dès le départ. C’est tout à l’honneur de Soderbergh, cinéaste virtuose et grand public. Du vrai bonbon.
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